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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Lechat, Henri: L' Acropole d'Athènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0120

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L’AGROPOLE D’ATHENES.

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cule contre l’Hydre et le combat du même héros avec Triton. Après,
c’est une chasse d’animaux : deux lions dévorant un taureau. Puis,
d’autres frontons, plus grands que les précédents, d’une ordonnance
plus savante, d’une matière plus dure, où la ronde bosse a remplacé
le haut-relief : Hercule y reparaît, toujours combattant, et l’on
s’arrête surpris devant un monstre bizarre, le triple Typhon, un des
moins connus de la riche collection mythologique de la Grèce. Mais
ce que ces sculptures en tuf (dont je nomme seulement les princi-
pales) ont de plus étrange pour nos yeux de modernes, c’est le coloris
dont elles sont tout entières revêtues, — couleurs tranchées, bruta-
lement juxtaposées. Du bleu et du rouge, chevelures bleues, barbes
bleues, chairs d’un rose vif ou même d’un rouge foncé, vêtements
rouges et bleus; à travers ces deux couleurs dominantes, quelques
traits noirs, çà et là, et quelques teintes jaunâtres. Bariolage invrai-
semblable; les yeux sont effarés, ne veulent pas croire; on évoque
le souvenir des Musées du Louvre, du Vatican, les interminables
alignements des marbres blancs, nudités blanches, draperies blan-
ches... Est-ce que ces images crûment coloriées, ces sculptures
« d'Épinal » (si j’ose dire), relèvent aussi de l’art grec? Entre cet
Hercule tout rouge, ce Typhon bleu et rouge, et les belles figures
nues, d’une blancheur à peine amortie par le patinage, que Phidias
couchait sur les frontons du Partliénon, quel rapport peut-il exister?
Il faut répondre, hardiment, car les preuves sont là : il existe un
rapport direct, le même qui unit aux ancêtres leurs descendants.
Seulement, il y a eu plusieurs générations dans l’intervalle, et il
s’est passé beaucoup de choses.

Les salles suivantes du Musée permettent de constater le travail
de ces générations intermédiaires. Le marbre remplace le calcaire
tendre; le dessin des formes s’améliore; la polychromie, trop intime-
ment liée à la plastique pour n’en pas ressentir les progrès, subit
elle-même une sorte d’épuration. Peu à peu, par une série de petites
étapes, on franchit la distance, qu’on eût jugée d’abord infranchis-
sable, entre les ébauches du vne siècle et les merveilles de Phidias.

Il y a, dans cette route, une halte charmante à faire, quand on
est arrivé à la seconde moitié du vi8 siècle. A cette époque, la îigure
sculptée s’est très franchement séparée du temple, dont elle n’avait
été, pendant longtemps, qu’un des éléments de décoration; elle est
isolée, vit de sa vie propre. Dressée sur son piédestal dans les
enceintes sacrées, elle est pour la divinité le plus agréable des hom-
mages. Aussi la dévotion à Athéna avait-elle, sur l’Acropole,
 
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