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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Lechat, Henri: L' Acropole d'Athènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0123

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avaient été consacrées, c’est-à-dire avant l’irruption de la horde
asiatique qui devait tout bouleverser, quel était l’aspect de l’Acro-
pole? Il n’est pas aisé de se le figurer. Le plan d’un monument, d’un
seul, encore écrit sur le sol lisiblement, des tambours de colonnes
épars, ou engagés en guise de matériaux dans les murailles de
l’époque postérieure, des fragments de corniches et de frises, les
restes des sculptures décoratives recueillis au Musée, sont comme
les membres dispersés et bien incomplets d’un grand corps autrefois
vivant. Une reconstitution de ce corps est affaire de science minu-
tieuse; mais la science n’y suffit point, et, quand elle est au bout de
ses ressources, c’est à l’imagination de reprendre l’œuvre et de
l’achever. Précise en certains points, indécise ailleurs, cette restau-
ration, pour ne point verser dans la pure fantaisie, ne doit viser que
les grandes lignes et l’aspect général.

D’abord, il est sûr que l’Acropole du vie siècle était très différente
de celle de Cimon et de Périclès : plus.étroite, moins aplatie, et aussi
plus encombrée de constructions. Les dieux n’en étaient point les
seuls habitants; Pisistrate y logeait, dit-on, et avec lui une partie
de ses mercenaires. Sans doute, c’était près de l’entrée que ces
demeures profanes avaient été bâties, et le côté du nord et de l’est
devait être occupé exclusivement par les temples. La plupart de
ceux-ci étaient en tuf et en bois, petits, humbles, sans autre décora-
tion que les reliefs (Hercule et l’Hydre, Hercule et Triton) qui rem-
plissaient le tympan du fronton; l’un d’eux pourtant, celui qui
étalait sur l’une de ses façades les monstrueux enroulements du
triple Typhon, était déjà de proportions assez considérables. Les
enceintes, sacrées, au milieu desquelles s’élevaient ces édifices,
s’étaient, à la longue, peuplées d’offrandes, mais ne possédaient que
peu d’œuvres d’art, — disons plutôt des ébauches d’art ; reliefs en
pierre tendre, et statues ou statuettes en bois, respectables magots
où les imagiers d’alors avaient mis, à défaut de talent, toute leur
bonne volonté. Il est vrai que les enduits colorés atténuaient la
médiocrité des matériaux et l’insuffisance des formes sculptées :
les statues, pierre ou bois, depuis la tête jusqu’aux pieds, et les
temples, depuis la base des colonnes jusqu’au faite du fronton,
étaient chargés de couleurs. Sur le hieron entier, édifice et offrandes,
était jetée une éclatante draperie d’azur et de pourpre; et les Athé-
niens de ce temps, éblouis et charmés de ces vives enluminures,
trouvaient que la maison des dieux était belle. Plus tard, quand le
goût eut d’autres exigences, le temple d’Athéna, reconstruit, ou,
 
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