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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 1, Les origines, la tradition, la technique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0129

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lie

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’elles fussent d’ailleurs traitées à l’huile, à l’aquarelle, ou plus
simplement aux crayons de couleur.

La miniature-portrait, dans son acception étroite, adoptée par le
langage moderne, était née à l’heure précise où quelque artiste
ancien imagina de représenter un personnage à travers les fioritures
d’une histoire enluminée. J’entends un personnage ayant vécu, que
l’homme de métier avait pu connaître, et dont il s’ingéniait à rendre
les traits tant bien que mal. Ces origines se perdent dans les obscu-
rités du ixe siècle ; on soupçonne des volontés de portraitures en
quelques bibles carolingiennes où se voient des princes et des
évêques; mais peut-être a-t-on fait trop bon marché de la critique
sévère en l’espèce. Afin de nous montrer un prince, un empereur ou
un pape, l’artiste religieux, enfermé dans son monastère, s’était-il
déplacé, avait-il gagné par les routes mauvaises la cour du prince
pour s’y renseigner et y prendre des documents? Bien plutôt, je le
pense, écrivait-il sa pensée au hasard, conseillé par ceux de son
ordre qui avaient pu voir, guidé par quelques analogies entre les
grands feudataires voisins et ce qu’il imaginait pouvoir être un
empereur.

A partir de ce moment, et pendant plus de trois siècles encore,
le portrait peint est œuvre d’invention pure. Jusqu’au commen-
cement du xive siècle il ne paraît pas que les enlumineurs, d’ailleurs
fort habiles et si résolus en maintes choses, se fussent beaucoup
intéressés à l’effigie réelle de l’individu. Sur les tombeaux ce sont
des physionomies de pratique dont les sculpteurs se servent, des
poncifs ayant tout au plus quelque lointaine et insaisissable analogie
avec les traits vrais du mort. Dans les miniatures le peintre veut
avant tout faire œuvre propre et jolie; il n’a grand souci de redire
un visage connu; vous pourriez voir tout aussi bien Philippe-Auguste,
que Louis VIII ou saint Louis dans ces figurines couronnées,
coiffées de même guise, vêtues pareillement, et seulement décrites
dans leurs eostumes et leurs armures.

C’est au xive siècle tantôt, et sous des influences multiples, grâce
à la sécularisation des arts de l’écriture et de la peinture des
manuscrits, par une décentralisation très lente, un besoin de
s’affirmer venu aux grands seigneurs, que peu à peu la portraiture
apparut dans l’ornement des livres. Débarrassés du hiératisme
d’auparavant, par instinct poussés à rendre ce qu’ils voyaient, les
peintres eurent plaisir à introduire un visage ami dans une histoire.
On vit alors au pied de la croix du Sauveur, même dans des scènes
 
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