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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Courajod, Louis: La Madone d'Auvillers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0147

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432

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ou mandorla tenue par deux anges. Deux autres anges adultes l’assis-
tent au premier plan : celui de droite porte des deux mains un
vase en forme de bucre rempli de tiges de lis ; celui de gauche,
semble, dans une muette contemplation, attendre un ordre. L’enfant
Jésus assis, serre de la main gauche le doigt annulaire d’une des
mains de sa mère, et ébauche, de la main droite, le geste de la béné-
diction. A gauche, au-dessous de la main d’un des anges, un cartouche
et un écusson chargé d’armoiries actuellement mutilées ont été
ajoutés postérieurement à l’œuvre primitive à partir d’une époque
qui ne peut pas être antérieure au xvie siècle '.

Je commence par déclarer loyalement que la provenance immé-
diate de cette sculpture m’est absolument inconnue. J’ignore quand
et comment elle a été apportée et fixée à l’endroit où nous la voyons
aujourd’hui. Est-ce au xve, est-ce au xixe siècle? J’avoue de plus
n’avoir fait aucune recherche sur un point qu’il est, tout d’abord,
parfaitement inutile de connaître, et qui se révélera plus tard de
lui-même quand le problème se compliquera d’une question historique
et tombera dans le domaine de la pure érudition. Cependant, je n’ose
pas moins déclarer dès à présent, tant l’œuvre est pleine de confi-
dences directes, que nous sommes en présence d’une sculpture
exécutée de 1450 à 1480 par un artiste italien de l’Ecole de Donatello,
qui, plus tard, influencé par Matteo da Pasti, par l’Ecole véronaise
et lombardo-vénitienne, enfin par Luca délia Robbia, s’est créé une
véritable personnalité et s’est illustré sous le nom d’Agostino
d’Antonio di Duccio.

J’en demande bien pardon à l’école documentaire dont je no
dédaigne pas toujours le concours, mais dont les timides doctrines
s’effraieront peut-être de mon audace. Même sans son secours, il ne
me sera pas difficile d’expliquer mon diagnostic et de justifier mon
attribution. J’en appelle au témoignage de ceux qui ont donné
quelques années de leur vie, et, pendant ce temps, leur âme tout entière
à l’étude de l’art italien examiné chez lui et dans ses œuvres, et qui
entretiennent la vivacité de leurs souvenirs à l’aide d’une collec-
tion sérieuse de photographies. Le marbre interrogé par nous crie le
nom de son auteur. Cela nous suffit. Regardez et vous croirez aussi.

Le mouvement, le dessin et le mode d’exécution des chevelures
affectent un caractère très accusé, très personnel, très reconnaissable,
qui est celui de toutes les œuvres d’Agostino d’Antonio di Duccio.

i. La photogravure de la Gazette a été exécutée d’après un cliché photogra-
phique que nous devons à l’obligeance de notre ami, M. Hugues Krafft.
 
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