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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Pératé, André: La réorganisation des musées florentins, 2, Le Musée de Santa-Maria del Fiore: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0175

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CORRESPONDANCE D’ITALIE.

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que l’expérience fait connaître que toutes les choses qui se placent loin, qu'elles
soient peintures ou sculptures ou toute autre œuvre semblable, ont plus de fierté
et de force si elles sont une belle ébauche que si elles sont finies... »

Les remarques de Vasari, très valables sans doute lorsque les cantorie étaient
logées dans le crépuscule de la cathédrale, perdent leur raison d’être dans la salle
lumineuse de l’Opera del Duomo. Le charme minutieux de Luca, cette observation
fidèle et fine des gestes et des visages, cette infinie délicatesse des mouvements
enfantins, triomphe aisément de la fougue très vivante, mais un peu confuse de
Donatello. Il faut ajouter que l'encadrement des bas-reliefs de Luca, d’un ensemble
très simple et classique, contribue à faire valoir par son harmonie les panneaux
en relief. Au contraire, l’architecture de Donatello semble lourde et heurtée. Sa
danse d’enfants disparait en partie derrière des balustres accouplés deux par deux
et pailletés, ainsi que tout l’encadrement, d’une mosaïque d’or. La frise supérieure,
ornée d’un décor de vases alternant avec des feuilles d’acanthe, sur ce même fond
de mosaïque, est d’un effet médiocre. Le large soubassement et la frise inférieure
sont plus agréables, avec leurs petits mascarons rehaussés d’émaux bleus ou verts,
leurs coquilles de marbre et ces têtes d’anges que relient des cordons de fleurs et
de fruits. Hors des grandes niches rondes que l’on aperçoit entre les consoles du
centre, deux têtes de bronze, aujourd’hui perdues, devaient saillir en haut-relief.
Peut-être les critiques à formuler doivent-elles être imputées à l’éclairage actuel
plutôt qu'à une erreur du grand Donatello; car cet ensemble, très fouillé, ravivé
de notes énergiques et colorées, qui détone et surprend en pleine lumière, parait
au contraire fort bien entendu pour attirer l’œil dans la demi-clarté du Dôme.

Avec les célèbres cantorie, l’œuvre d’art qui s’impose immédiatement à l’atten-
tion dans celte noble salle est le grand retable d’argent du baptistère, orné
d’histoires de la vie de saint Jean-Baptiste. Cette merveille d’orfèvrerie est trop
connue pour qu’il faille la décrire à nouveau, de même que la croix d’autel en
argent, ornée de statuettes, de bas-reliefs et d’émaux translucides, exécutée par
Antonio Pollaiolo et Belto di Francesco Belti; on trouvera dans le catalogue de
M. del Moro les documents qui les concernent. Mais il reste encore à mentionner
nombre de petits monuments curieux, dont plusieurs mériteraient une étude :
ainsi ces deux tables de mosaïque byzantine, du xie siècle, où sont représentés les
principaux faits de la vie du Christ et de la Vierge; ainsi plusieurs tableaux
florentins, parmi lesquels une très jolie madone de Taddeo Gaddi Le saint Zanobi
en mosaïque incrustée de pierres fines, par Monte di Giovanni di Miniato (1405),
la Vierge et l’Ange de l’Annonciation, deux statuettes de Niccolo di Piero Lamberti,
un exquis bas-relief, la Madone et l’Enfant entourés d’anges, par Agostino di
Duccio, peuvent être admirés, même dans ce voisinage redoutable des grands
sculpteurs et des grands orfèvres du xive et du xve siècle.

Une dernière salle renferme les modèles et les projets dessinés pour la façade
du Dôme, du xvie siècle jusqu’à nos jours, ainsi que des modèles de la coupole et
des essais de décoration du tambour, la seule partie du Dôme qui demeure encore
inachevée.

ANDRÉ PÉRATÉ.

[La fin prochainement.)
 
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