Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Leprieur, Paul: Correspondance d'Angleterre
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0188

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
172

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

droite, révèlent clairement, ainsi que l’Annonciation du revers, l’influence long-
temps prédominante en Europe de notre art français du xme siècle. Si on
rapproche l’œuvre de quatre petits panneaux analogues conservés au Musée de
Cologne (nos 31-31), on la croira volontiers née sur les bords du Rhin, Cologne
ou ses entours, dans les vingt ou trente premières années du xive siècle.

Dans l’entourage, ou l’école assez tardive de Van Eyck, se placent un certain
nombre d’œuvres, dont quelques-unes déshonorent même son nom. Il importe de
faire une bonne fois justice, par exemple, d’un tableau qui lui est attribué de
longue date dans les historiens de la peinture flamande, sans vérification suffisante
le plus souvent : la Consécration de Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry (au
duc de Devonshire). Si l’on en croyait la signature posée sur une marche de pierre
grise en avant de la scène, ce serait un Van Eyck très authentique, daté du
30 octobre 1421, et le plus ancien qu’on connaisse. Or, sans même discuter l’inscrip-
tion qui n’a pas un aspect très catholique, il suffit de jeter les yeux sur la peinture
pour avoir plus que des doutes. La composition, l’arrangement des figures, leur
type élancé et mince, leur maniérisme, jusqu’aux reflets changeants de certaines
étoffes, tout est de quarante ou cinquante ans postérieur à la mort de Van Eyck,
et, malgré la détérioration visible du panneau, on n’admettra jamais que des
repeints, si nombreux qu’ils soient, arrivent à faire d’un Van Eyck de 1421 un
mauvais Mabuse. Il en resterait au moins un atome, ne fùt-ce que l’ordonnance,
comme dans les cartons de Mantegna à Hampton-Gourt. Il faut donc, encore plus
résolument que ne l’ont fait MM. Crowe et Cavalcaselle, rayer de l’œuvre de Van
Eyck ce tableau médiocre et de sujet peu sûr.

Sans grande valeur, mais au moins plus modestes, sont quelques œuvres de la
suite même du maître : les Saintes femmes au tombeau, de la collection Francis
Cook, et deux Vierges curieuses à comparer, toutes deux du type aimé de Van
Eyck, à tête large et grands cheveux bouffants, qui pourraient bien être espagnoles,
en tout cas d’origine étrangère à la Flandre, l’une debout dans une abside d’église
entre deux anges musiciens dont il y a de fréquentes répliques (à sir Ch. Robin-
son), l’autre assise le dos au feu sur un banc de bois (à M. Somzée).

Après ces tableaux, qui ne sont pas sans grossièreté ni lourdeur, c’est un plaisir
que de trouver la charmante petite Vierge de lord Northbrook, provenant des
collections Aders et Samuel Rogers. On l’a mise en place d’honneur, et elle le
mérite quoique ayant un peu souffert de repeints. La niche de pierre grise sculptée
dans laquelle elle est assise prête à allaiter l’enfant, la couronne délicate d’or et
de pierreries qui orne son front, les plis menus et fins, les détails des visages,
tout est d’un travail de miniaturiste, comme à la pointe d’aiguille. Au Musée de
Vienne sont une Vierge debout toute semblable (n° 1383) et une Sainte Catherine
(n° 1387), qui sont évidemment de la même main. On peut en rapprocher égale-
ment la Vierge dans un intérieur d’église du petit diptyque d’Anvers, copie de
celle de Van Eyck à Berlin. Partout se retrouve la même exécution menue et un
peu sèche. Ce peintre de tableautins, quoique n’étant pas de tout premier ordre,
touche aux plus grands, et à Van der Weyden ici encore plus qu'à Van Eyck. Le
nom de Van der Weyden n’est représenté, d’ailleurs, que par une Vierge avec
l'Enfant, sur fond d’or (à M. Henry Willett), qui paraît plutôt œuvre d’école, et
par une copie médiocre, légèrement modifiée et réduite, de l’admirable tableau
des Médicis au Musée de Francfort (à sir Francis Cook).
 
Annotationen