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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
portrait du maître de la Mort de la Vierge, un délicieux portrait de jeune femme
de Lucidel et un petit portrait d’homme de Barthélémy Bruyn; l’Italie avec un
Saint Jérôme célèbre d’Antonello de Messine, déjà décrit en détail dans l’Anonyme
de Morelli (à lord Northbrook); la France enfin avec une exquise petite Vierge à
mi-corps entre des anges étagés, adorant l’Enfant, pour laquelle on n’ose que
timidement prononcer le nom de Foucquet, font cortège à la Flandre et contribuent
à l’illustrer.
Gomment, à la suite d’une correspondance déjà trop longue, parler encore des
ventes Dudley et Magniac, qui ont excité ces temps derniers tant de convoitises?
On s’est battu à coups de banknotes; on a dépensé une fortune souvent sur un
seul tableau. Un Raphaël, d’ailleurs intéressant et dans la première manière toute
péruginesque, qui monte à près de 300,000 francs; un Ilobbema, à 250,000; un
Grivelli, à plus de 180,000; même un Wouwermans à 100,000 : voilà de quoi
poser une collection et lui faire une fin glorieuse. Nous ne ferons pas l’oraison
funèbre des tableaux de lord Dudley. Ce qu’en a dit M. Phillips cette année même, à
propos de l’exposition d’hiver de la Royal Academy, où les principaux figuraient,
peut suffire. Quant à la vente Magniac, outre ses merveilleuses suites d’objets
d’art de toute époque et en tout genre, elle était surtout riche en portraits souvent
un peu mêlés de l’Ecole française attribués à nos mystérieux Clouet ou à leurs
élèves. C’était une mine intéressante à fouiller. Là aussi, on a couvert d’or des
panneaux grands comme la main. Décidément l'Angleterre est un pays où l’on ne
fait rien à demi : en affaires comme en sentiment, on ne regarde pas à la
dépense, et les folles enchères y naissent aussi facilement que les excentricités ou
les subtiles délicatesses du mysticisme.
PAUL LEPRIEUR.
Le Rédacteur en chef gérant : LOUIS GONSE.
SCEAUX. — 1MP. CH ARAIRE ET C
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
portrait du maître de la Mort de la Vierge, un délicieux portrait de jeune femme
de Lucidel et un petit portrait d’homme de Barthélémy Bruyn; l’Italie avec un
Saint Jérôme célèbre d’Antonello de Messine, déjà décrit en détail dans l’Anonyme
de Morelli (à lord Northbrook); la France enfin avec une exquise petite Vierge à
mi-corps entre des anges étagés, adorant l’Enfant, pour laquelle on n’ose que
timidement prononcer le nom de Foucquet, font cortège à la Flandre et contribuent
à l’illustrer.
Gomment, à la suite d’une correspondance déjà trop longue, parler encore des
ventes Dudley et Magniac, qui ont excité ces temps derniers tant de convoitises?
On s’est battu à coups de banknotes; on a dépensé une fortune souvent sur un
seul tableau. Un Raphaël, d’ailleurs intéressant et dans la première manière toute
péruginesque, qui monte à près de 300,000 francs; un Ilobbema, à 250,000; un
Grivelli, à plus de 180,000; même un Wouwermans à 100,000 : voilà de quoi
poser une collection et lui faire une fin glorieuse. Nous ne ferons pas l’oraison
funèbre des tableaux de lord Dudley. Ce qu’en a dit M. Phillips cette année même, à
propos de l’exposition d’hiver de la Royal Academy, où les principaux figuraient,
peut suffire. Quant à la vente Magniac, outre ses merveilleuses suites d’objets
d’art de toute époque et en tout genre, elle était surtout riche en portraits souvent
un peu mêlés de l’Ecole française attribués à nos mystérieux Clouet ou à leurs
élèves. C’était une mine intéressante à fouiller. Là aussi, on a couvert d’or des
panneaux grands comme la main. Décidément l'Angleterre est un pays où l’on ne
fait rien à demi : en affaires comme en sentiment, on ne regarde pas à la
dépense, et les folles enchères y naissent aussi facilement que les excentricités ou
les subtiles délicatesses du mysticisme.
PAUL LEPRIEUR.
Le Rédacteur en chef gérant : LOUIS GONSE.
SCEAUX. — 1MP. CH ARAIRE ET C