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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 3
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0200

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

phage lycien, empruntés à la mythologie ou à la vie journalière
idéalisée, ni, comme dans le Sarcophage des Pleureuses, à un symbo-
lisme plus ou moins abstrait. Vrai fils de son siècle, l’artiste travaille
« en pleine chair humaine »; ce qu’il nous offre, ce sont des scènes
de chasse et de guerre contemporaines, où figurent, tantôt ennemis,
tantôt confondus dans une fraternité martiale, des guerriers grecs et
perses : ceux-là, nus, drapés dans la chlamyde ou revêtus de leur
armure de fer, coiffés du casque ou delà causia; —ceux-ci reconnais-
sables à leur costume traditionnel, pantalon en tricot collant
(ianaxyride), tunique lâche à double ceinture, yachmak ou bachlik
enveloppant le crâne et le menton, mantelet flottant à manches
étroites agrafé sur l’épaule. U n’est pas jusqu’aux chevaux dont
la nationalité ne se peigne dans le détail de leur équipement : tandis
que ceux des Grecs n’ont pour tout harnachement que la bride, le
mors et parfois le poitrail, les chevaux des Perses portent, en outre,
des croupières, des couvertures bariolées et brodées, — ces ephippia
que Grecs et Romains dédaignaient comme un signe de mollesse; les
crins du toupet, réunis en une houppe, sont enfermés dans une sorte
d’étui qui se recourbe en arrière en forme dé corne; la queue, coupée
assez courte, est liée vers le bout par un large ruban, aux extrémités
pendantes.

Ce réalisme attentif dans le choix et l’interprétation des sujets
caractérise la génération artistique contemporaine de la conquête
d’Alexandre. La conquête elle-même, en multipliant les rapports de
la Grèce avec l’Orient, exerça sur l’évolution de l’art grec une
influence immédiate qui n’a pas été suffisamment aperçue jusqu’ici.
De tout temps l’art de l’Asie antérieure, placé au service du des-
potisme, avait affectionné les scènes biographiques puisées dans la
vie contemporaine, et cela dès le jour lointain où les rois d’Assyrie
faisaient dérouler en longs reliefs sur les murs de leurs palais le
journal de leurs exploits militaires et cynégétiques. Déjà l’art des
colonies ioniennes, tout pénétré d’influences asiatiques, s’était inspiré
de cet exemple : c’est ainsi que l’un des sarcophages de Sidon, le
Tombeau dit « du Satrape », — œuvre ionienne qui parait remonter
au milieu du ve siècle, — est décoré d’une série de scènes de chasse
et de « sport », traitées dans un goût de naturalisme simplifié; la
figure du défunt, plusieurs fois répétée, y parait déjà individualisée,
sinon par les traits, du moins par le costume. Après la conquête
d’Alexandre, ces tendances, longtemps comprimées par l’esprit réso-
lument idéaliste et généralisateur des Grecs d’Europe, reparaissent
 
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