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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 3
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0207

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LES SARCOPHAGES DE SIDON.

■187

archéologue, — à la délicate palette d’un Nicias', que du modelé
même, si imparfait et si grossier, des œuvres primitives, aux marbres
palpitants de vie d’un Praxitèle et d’un Scopas. Un pareil progrès pou-
vait se deviner a priori; il ne pouvait se démontrer par des preuves
tangibles, jusqu’à ce que des découvertes inouïes, dues, les unes au
hasard, les autres à la sagace persévérance des fouilleurs, nous
aient rendu des monuments placés aux deux extrémités de la chaîne
— les vieux frontons en tuf de l’Acropole, d’une part, le grand
sarcophage de Constantinople, de l’autre — dont les couleurs, grâce
aux circonstances particulières de leur ensevelissement, n’ont subi
que pendant peu d’années l’action délétère des agents atmosphériques.
Nous pouvons même restituer quelques anneaux intermédiaires :
les Athénas ou prêtresses en marbre de l’Acropole de la fin du
vie siècle, le Sarcophage lycien du ve, les Pleureuses du ive, nous
en fourniraient les éléments.

Pour m’en tenir au « Sarcophage d’Alexandre » voici, résumé en
peu de mots, le système de coloration dont j’y ai constaté l’emploi2.

L’artiste emploie une gamme de six couleurs : violet, pourpre,
bleu, - jaune, rouge (valeur intermédiaire entre le carmin et le
vermillon), rouge-brun, auxquelles il faut peut-être ajouter un
bistre. Les analyses chimiques, en cours d’exécution, nous appren-
dront si toutes ces couleurs sont primitives, ou si, comme il est plus
probable, quelques-unes d’entre elles résultent de la combinaison de
deux pigments élémentaires 3. L’essentiel est de constater que la
gamme une fois arrêtée sur la palette, les couleurs en sont toujours
employées à l’état pur et en teinte plate; il n’y a jamais trace de
tons mixtes, fondus ou brisés : les légères variations que l’on
constate sont dues à l’action inégale des causes destructives. La
franchise de ce procédé est parfaitement justifiée par la nature même
de la polychromie plastique, qui doit s’appliquer à reproduire non
pas les couleurs apparentes, mais les couleurs réelles des objets.
Qu’un peintre sur toile ou sur bois veuille rendre l’effet d’une
draperie rouge, plissée ou chiffonnée,, et par conséquent diversement
éclairée dans ses diverses parties : il faudra qu’il modifie son ton

t. Le peintre ordinaire de Proxitèle (Pline, XXXV, 133).

2. En attendant le résultat des études poursuivies sur ce sujet spécial par
llamdy Bey, je résume ici les notes que j’ai prises devant les originaux, il y a
deux ans.

3. La palette d’Apelles ne comprenait que quatre couleurs primitives
(Pline, XXXV, 30).
 
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