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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 3
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Ephrussi, Charles: Exposition internationale du théâtre et de la musique à Vienne
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EXPOSITION DU THÉÂTRE A VIENNE.

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En s'aidant de vieilles gravures et surtout d'une vue de la ville à vol d’oiseau de
Jacob Hufnagel, M. Oscar Marmoreck a restitué à ce coin de la cité sa vieille et
pittoresque physionomie. A l’entrée se dresse une massive porte, d’une lourdeur
imposante, le Katzensteig, qui n’a été démolie qu’en 1825; elle mène à la place
du Marché où sont réunis, en un groupement très décoratif, le Pilori, le Vierroeh-
renbrunn (Fontaine des quatre tuyaux), le vieux Palais de Justice de 1414 et nom-
bre de maisons heureusement ressuscitées, donnant une très vive impression du
passé, asile d’industries signalées à l’attention des visiteurs par d’antiques
enseignes, comme le Schwarze Hund (le Chien noir), Die goldene Harfe (La Harpe
d’or), Der romische Kaiser (L’Empereur romain). Et pour conserver à cette évoca-
tion des temps qui no sont plus toute sa couleur locale, on a eu soin d’interdire
aux vendeurs et vendeuses le port de tout costume moderne : les gâteaux et les
glaces du célèbre Demel, les jouets d’enfant de la vieille maison Schuster, les
chapeaux de la fabrique Ilabig sont offerts aux chalands par de gracieuses Vien-
noises habillées à la mode d’autrefois. Tout ce quartier est animé par les repré-
sentations du populaire Hanswurst, sorte d’arlequin ou de guignol viennois,
racontant au passant ses fredaines et ses bons tours; par les Schrammel chantant
leurs gais refrains et jouant leurs valses entraînantes devant la vieille auberge
gothique. Puis, le soir venu, le veilleur de nuit en vieil uniforme annonce de sa
voix glapissante l’heure du couvre-feu.

Si l’art populaire tient ses joyeuses assises dans le vieux Vienne, à quelques pas
de là, un art plus élevé s’est ménagé une hospitalité digne de lui, dans un fort
beau théâtre qui fait le plus grand honneur à ses deux architectes MM. Fellner et
Hellmer. Ils n’en sont pas d’ailleurs à leur coup d’essai, puisqu’ils n’ont pas cons-
truit moins de quarante-sept salles de spectacle avec autant d’ingéniosité que de
goût. Le monument qu'ils ont bâti au Praler, clair et gai avec ses tons blanc et or,
évoque le souvenir de quelque charmant théâtre d’un château du temps de
Louis XV, bien que les vastes proportions et la disposition générale semblent
inspirées par le théâtre de Bayreulh.

Dans cet aimable temple de l’art se poursuivent, depuis l’ouverture, pour con-
tinuer jusqu’au dernier soir, les représentations des meilleures troupes de l'Europe.
Au Théâtre de Berlin qui, dans la patrie du Burglheater, ne pouvait obtenir et
n’a obtenu qu’un médiocre succès, a succédé la Comédie-Française avec son incom-
parable répertoire classique et moderne, triomphant aussi bien avec Denise, Pepa,
T/110 de Belle-Isle, Adrienne Découvreur, qu’avec les Femmes savantes, le Médecin
malgré'lui, le Jeu de l'Amour et du Hasard, triomphant aussi avec la Nuit d’oclcbrc,
Il ne faut jurer de rien et le Bonhomme Jadis; brillante campagne qui comptera
dans les fastes de la vieille et noble maison, l’uis est venu l’Opéra de Prague dont
l’originalité tchèque a été très appréciée; l’acteur Baron et Ml,e Réjane dans les
comédies de Meilhac; puis une œuvre singulière et saisissante du poète hongrois
Madach, traduite par Doczy, la Tragédie de l’homme, curieux mélange de drame,
de musique et de danse, relevé par une splendide mise en scène, le tout fort
applaudi durant de nombreuses soirées; puis encore Die Donaunixe (la Sirène du
Danube), un ballet de M. de Bourgoing, l’infatigable vice-président de l’Exposition ,
qui, non content de composer le scénario, a dirigé la mise en scène, l’exécution des
costumes et qui, du reste, a été payé de toutes ses peines par les applaudissements
d’un public enthousiasmé. Ce n’est pas tout : on verra défiler sur la même scène
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