EXPOSITION DU THÉÂTRE A VIENNE.
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faste le luxe de ses trop splendides tentures et de ses trop riches accessoires
qui n’écrasent point l’exposition mieux entendue de beaucoup d’autres scènes au
nombre desquelles le Burgtheater et l’Opéra de Vienne tiennent le premier rang.
L’Italie, quoiqu’un peu éclipsée par ses voisines, la Russie et la France, a
cependant prêté les meilleurs morceaux de ses conservatoires et de ses biblio-
thèques ; de Bologne sont venus les manuscrits du Barbier de Séville et de la Cene-
rentola, de Rome près de six cents partitions. Le baron Scotti a reconstitué avec
un soin scrupuleux la chambre de Donizetti, où figure le portrait du maître de
grandeur naturelle, son piano, son lit et autres pièces de son ameublement. Dans
des vitrines, les principaux costumes de la Ristori, dont deux éclatants manteaux
de reine. L’Angleterre a prêté entre autres choses quelques beaux instruments de
musique et un choix de portraits des meilleurs maîtres. La section polonaise offre
d’intéressants envois du Musée Czartoriski, de l’Université de Cracovie, et la
chambre de Chopin. La Russie a mérité et conquis un des plus francs succès de
l'Exposition : elle le doit à sa réunion de maquettes qui révèlent une école de
décorateurs personnelle et savante, à ses étincelants costumes de boyard, de drap
d’or et d’argent, en velours et en soie aux tons puissants rehaussés de pierreries
multicolores, vrai éblouissement oriental. Toute différente de ses voisines, cette
exhibition sui generis séduit et étonne par sa vigoureuse originalité; elle est un
des plus grands attraits de la Rotonde.
III.
Arrivons enfin à la section française, qui fait si grand honneur au comité pari-
sien, présidé par Mme la comtesse Greffulhe, que l’on rencontre à la tête de toutes
les manifestations d’art, à son représentant M. Metman, à M. Henri Régnier,
délégué du ministère des Beaux-Arts, et à M. Guillaume Dubufe qui a donné de
précieux conseils pour l’ensemble de la décoration. On s’était proposé non de
réunir une grande masse d’objets ayant avec la musique ou le théâtre des
rapports plus ou moins étroits, mais de faire une sélection sévère des raretés
que l’État ou les particuliers consentaient à prêter et de bannir tout ce qui pou-
vait trahir la réclame industrielle et la fabrication banale. On s’est attaché surtout
à grouper un nombre d’œuvres suffisant pour donner une idée exacte de notre
art rétrospectif en matière de musique et de théâtre. Disposant de la travée nord
de la Rotonde, les organisateurs de la section française y ont construit un pavil-
lon central dont les deux façades latérales donnent chacune sur trois baies dispo-
sées en salons. L’entrée du pavillon, du plus pur style Louis XVI, est décorée de
pâtes simulant la pierre sculptée : pilastres à rinceaux, à mascarons et à gro-
tesques, avec panneaux richement moulurés, œuvre très réussie de M. Cruchet.
Sur les deux côtés s’étendent des toiles peintes par le maître décorateur Jambon,
avec une puissance d’illusion telle qu'elles donnent à tous les yeux la saisissante
impression de bas-reliefs finement sculptés : enfants musiciens d’après Clodion,
trophées de musique et frise, d’ornement. Le long du pavillon, des jardinières gar-
nies de plantes entre lesquelles s’élèvent des piédestaux surmontés de bustes de
musiciens et d’auteurs dramatiques du xvme siècle, moulés d’après les originaux
de Houdon, de Caffieri, de Lemoine, A l’intérieur de cet élégant pavillon sont dis-
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faste le luxe de ses trop splendides tentures et de ses trop riches accessoires
qui n’écrasent point l’exposition mieux entendue de beaucoup d’autres scènes au
nombre desquelles le Burgtheater et l’Opéra de Vienne tiennent le premier rang.
L’Italie, quoiqu’un peu éclipsée par ses voisines, la Russie et la France, a
cependant prêté les meilleurs morceaux de ses conservatoires et de ses biblio-
thèques ; de Bologne sont venus les manuscrits du Barbier de Séville et de la Cene-
rentola, de Rome près de six cents partitions. Le baron Scotti a reconstitué avec
un soin scrupuleux la chambre de Donizetti, où figure le portrait du maître de
grandeur naturelle, son piano, son lit et autres pièces de son ameublement. Dans
des vitrines, les principaux costumes de la Ristori, dont deux éclatants manteaux
de reine. L’Angleterre a prêté entre autres choses quelques beaux instruments de
musique et un choix de portraits des meilleurs maîtres. La section polonaise offre
d’intéressants envois du Musée Czartoriski, de l’Université de Cracovie, et la
chambre de Chopin. La Russie a mérité et conquis un des plus francs succès de
l'Exposition : elle le doit à sa réunion de maquettes qui révèlent une école de
décorateurs personnelle et savante, à ses étincelants costumes de boyard, de drap
d’or et d’argent, en velours et en soie aux tons puissants rehaussés de pierreries
multicolores, vrai éblouissement oriental. Toute différente de ses voisines, cette
exhibition sui generis séduit et étonne par sa vigoureuse originalité; elle est un
des plus grands attraits de la Rotonde.
III.
Arrivons enfin à la section française, qui fait si grand honneur au comité pari-
sien, présidé par Mme la comtesse Greffulhe, que l’on rencontre à la tête de toutes
les manifestations d’art, à son représentant M. Metman, à M. Henri Régnier,
délégué du ministère des Beaux-Arts, et à M. Guillaume Dubufe qui a donné de
précieux conseils pour l’ensemble de la décoration. On s’était proposé non de
réunir une grande masse d’objets ayant avec la musique ou le théâtre des
rapports plus ou moins étroits, mais de faire une sélection sévère des raretés
que l’État ou les particuliers consentaient à prêter et de bannir tout ce qui pou-
vait trahir la réclame industrielle et la fabrication banale. On s’est attaché surtout
à grouper un nombre d’œuvres suffisant pour donner une idée exacte de notre
art rétrospectif en matière de musique et de théâtre. Disposant de la travée nord
de la Rotonde, les organisateurs de la section française y ont construit un pavil-
lon central dont les deux façades latérales donnent chacune sur trois baies dispo-
sées en salons. L’entrée du pavillon, du plus pur style Louis XVI, est décorée de
pâtes simulant la pierre sculptée : pilastres à rinceaux, à mascarons et à gro-
tesques, avec panneaux richement moulurés, œuvre très réussie de M. Cruchet.
Sur les deux côtés s’étendent des toiles peintes par le maître décorateur Jambon,
avec une puissance d’illusion telle qu'elles donnent à tous les yeux la saisissante
impression de bas-reliefs finement sculptés : enfants musiciens d’après Clodion,
trophées de musique et frise, d’ornement. Le long du pavillon, des jardinières gar-
nies de plantes entre lesquelles s’élèvent des piédestaux surmontés de bustes de
musiciens et d’auteurs dramatiques du xvme siècle, moulés d’après les originaux
de Houdon, de Caffieri, de Lemoine, A l’intérieur de cet élégant pavillon sont dis-