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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 3
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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne, en Angleterre et en Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0283

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GAZETTE DES BEAUX-AllTS.

du triptyque de Heller, conservés dans le Musée municipal de Francfort, et à un petit
Saint Jérôme du Musée Nalional de Cracovie, signé du monogramme H. D. et daté
de 1326.

Mais les critiques allemands n'ont pas manqué de trouver que ce n’était pas assez
de ces trois ouvrages, et tous se sont mis en devoir d’en découvrir d’autres pour
compléter la liste de l’œuvre de Hans Durer. La plupart de leurs découvertes, malheu-
reusement, se sont trouvées inacceptables. D’après M. Sokolowski, on n’a le droit
de considérer comme pouvant être des peintures de Hans Dürer, parmi toutes celles
qu’on lui a attribuées, que deux tableaux du Musée de Schleissheim, un Saint Michel
apparaissant ci un évêque, et un Prophète ôtant la vue aux soldats syriens; une Vierge
de l’église de Nisse en Silésie ; et enfin le Portrait de l'évêque Pierre Tomicki, dans
un couvent de franciscains à Cracovie. Les trois premiers de ces tableaux portent
le monogramme H. D., mais cela ne suffit pas pour y faire reconnaître la main do
Hans Durer, car il y a eu au xvie siècle d’autres peintres allemands qui se sont
servis de ce monogramme. Un trait plus spécialement caractéristique de Hans
Dürer, et qui se retrouve dans ces tableaux, c’est l’inscription du monogramme
dans des endroits où l’on ne s’aviserait pas d’abord de le chercher, dans les feuilles
d’un arbre, dans le pli d’une robe, etc. Quant au portrait de l’évêque polonais, il
a dû être peint, comme le Saint Jérôme du Musée de Cracovie, pendant le séjour de
Hans Dürer dans la vieille ville polonaise; car on sait que, comme Veit Stoss, comme
Hans de Culmbach, et comme beaucoup d’artistes nurembergeois, Hans Dürer a
vécu et travaillé en Pologne. Et c’est une chose singulière que le séjour de la
Pologne ne paraît pas avoir précisément contribué à élever le caractère de ces
Allemands : Veit Stoss, sculpteur de génie, a rapporté de Cracovie à peu près tous
les vices, et sans être un aussi parfait gredin, Hans Dürer 11e valait rien du tout.

Si elle a jadis contribué à pervertir les artistes allemands, la Pologne rachète
aujourd’hui ses torts en fournissant à l’Allemagne d’excellents critiques d’art. A
côté de M. Sokolowski, qui étudie Hans Dürer, voici un autre Polonais, M. Joseph
Strzygowski, qui publie dans le Jahrbuch des Musées de Berlin un très intéressant
travail sur les premiers ouvrages de Michel-Ange.

Il s’occupe en particulier du fameux relief de la Casa Buonarroti où Michel-Ange
a figuré un combat de centaures. On n’était pas d’accord jusqu’ici sur le véritable
sujet de cette scène mythologique. D’après Condivi, c’est l’enlèvement de Déjanire
que le maître aurait voulu traiter, sur l’indication de Politien. D’après Vasari, il
aurait voulu traiter le combat d’Hercule avec les centaures. D’après M. Wickhoff,
ce n’est plus d’Hercule mais de Thésée qu’il s’agirait, et du combat des Lapithes
contre les Centaures. En réalité, et M. Strzygowski le démontre de la façon la plus
péremptoire, le relief de Michel-Ange représente le combat d’Hercule contre le
centaure Eurytion au sujet de Déjanire, l’Areadienne, fille de Denamenos. C’est un
épisode de la légende d’Hercule rapporté par Hygin ; Politien a dû le trouver dans un
vieux manuscrit italien d’Hygin, aujourd’hui perdu, mais que l’on sait avoir existé.

Ce problème ainsi tranché, M. Strzygowski s’occupe de considérer au point de
vue artistique le fameux relief de Michel-Ange, en comparaison notamment avec
les deux ouvrages qui l’ont précédé : l'Apollon et Marsyas de la collection Liphart,
et la Vierge dite Vierge à l’Escalier. Ces deux ouvrages datent, comme on sait.
 
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