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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 4
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, [1]: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0295

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268

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Fomento. Ce dernier apport a élevé à deux mille deux cent cinq le
chiffre total des ouvrages maintenant exposés.

Le principal fonds du Musée du Prado est donc composé des
tableaux provenant du patrimoine royal. Il ne serait pas sans inté-
rêt d’indiquer ici par quelles acquisitions successives s’est constitué
ce trésor d’art, qu’arrivèrent à réunir les princes de la maison d’Au-
triche.

Dans son ouvrage intitulé : Viaje artistico de très siglos por las
colecciones de cuadros de los reyes de Espana, M. Pedro de Madrazo,
le savant auteur du catalogue du Musée du Prado, nous a fait con-
naître, d’après des documents tirés des archives de Simancas, quel-
ques extraits des inventaires dressés à la suite de la mort d’Isabelle
la Catholique, de Jeanne la Folle, sa fille, et de Charles-Quint. Nous
lui emprunterons quelques curieuses particularités qu’il nous a
paru intéressant de relever.

A sa mort, la grande Isabelle possédait environ 460 peintures, les
unes sur bois, quelques-unes sur toile, d’autres sur parchemin et un
assez grand nombre de pièces de tentures, brocarts, cuirs de Cordoue,
toiles peintes et tapisseries à personnages. La plupart des peintures,
quelques-unes réunies en forme de diptyques et de triptyques, repré-
sentaient des compositions religieuses, des saints, des saintes, aux-
quels la reine avait une particulière dévotion, des Véroniques et
quelques portraits de personnages de sa maison. Ces peintures, en
général d’assez petites dimensions, étaient enserrées dans des caisses,
garnies extérieurement de drap et soigneusement fermées; elles pou-
vaient être aisément transportées lorsque les rois catholiques,
astreints par la politique et la guerre à de fréquents déplacements,
se rendaient dans l’un ou l’autre de leurs palais de Séville, Madrid,
Tolède, Ségovie ou Grenade ou encore dans quelque autre résidence
plus modeste. Ces objets d’art, essentiellement mobiles, une fois tirés
de leurs étuis et de leurs caisses, formaient alors, avec les pièces de
tenture, la décoration des oratoires et de quelques panneaux dans
les appartements disposés pour le couple royal. Rien donc ne ressem-
blait moins à ce que l’on appelle aujourd’hui une collection.

Quant aux peintures en elles-mêmes, elles étaient sans nul doute
considérées par leurs possesseurs plutôt comme des objets propres à
éveiller la piété que comme des créations rares, géniales et admira-
bles en soi pour la beauté et la perfection de leur exécution : du reste
elles ne reproduisaient point encore de sujets profanes tels que la
Renaissance italienne allait bientôt en introduire sous les règnes de
 
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