Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Lefort, Paul: Le Musée du Prado, [1]: les musées de Madrid
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0297

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
270

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. de Madrazo n’a pu parvenir à reconstituer l’ensemble, même
approximatif, des peintures que possédait Charles-Quint. On sait
seulement avec certitude qu’en outre de celles qu’il hérita de sa
mère et de son aïeule, Marguerite d’Autriche lui laissa à sa mort une
centaine de tableaux dont elle avait elle-même rédigé l’inventaire où
figurent les noms de Jan Yan Eyck, de maitre Rogier (Van der
Weyden), Jean Foucquet, Dirick (Thierry Bouts?), Jan Gossaert,
Jacques de Barbary, Hans Memling, Jérôme Bosch et de ce maître
Michiel dont nous avons parlé plus haut. De ces précieux ouvrages,
réunis dans les princières demeures de Marguerite à Malines et
Anvers, aucun, croyons-nous, non plus que ceux que Charles reçut
de l’héritage de son père Philippe le Beau et de son aïeul paternel
Maximilien 1er, ne fut apporté en Espagne.

Lorsque l’Empereur-roi, abdiquant ses couronnes, se retira au
monastère de Yuste, il y emporta quelques tableaux de sainteté et
des portraits de personnages de sa famille, en laissant d’autres dans
la forteresse de Simancas sous la garde de ses serviteurs Joan Sterch
et François Mengale. Les inventaires en ont été publiés, d’après les
documents originaux conservés aux archives de Simancas, par
M. Gachard et après lai par W. Stirling. Parmi les peintures qui se
retrouvèrent au couvent de Yuste, après la mort de Charles-Quint,
se rencontrent plusieurs tableaux du Titien, faisant aujourd’hui
partie du Musée du Prado, ainsi que quelques portraits par Antonio
Moro, et divers sujets religieux de la main de l’énigmatique maître
Miguel. Ce sont là les seuls artistes qui soient nominativement dési-
gnés dans les inventaires. Quant aux nombreux tableaux de batailles
et de représentations de villes que l’Empereur avait fait exécuter
pour la décoration du Pardo, par Jean-Corneille Vermeyen, auteur
des cartons pour la suite de tapisseries de la Conquête de Tunis, encore
conservées à Madrid, ils restèrent en place et périrent dans l’incendie
qui dévora cette résidence en 1604.

Philippe II, qui partagea la passion de son père pour les ouvrages
du Titien, qui fut le Mécène de Michel Coxie, d’Antonio Moro, de
Sanchez Coëllo, de Castello le Bergamasque, de Romulo Cincinnato,
de Patricio Caxès et de toute la légion d’artistes italiens employés
par lui à la décoration de l'Escurial, contribua largement à accroître
les richesses d’art possédées par sa maison en même temps qu’à
répandre parmi ses sujets le goût, sinon l’intelligence, delà peinture.
C’est là un mérite qu’il n’est que juste de relever chez ce sombre
monarque. Il aimait les arts, particulièrement la peinture, et il le
 
Annotationen