LE MUSÉE DU PRADO.
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prouva.en laissant vendre les bijoux et les joyaux de prix laissés par
son père et en ne se réservant que les seuls tableaux. Un inventaire
dressé deux ans après la mort de Philippe et conservé aux archives
du Palais de Madrid, énumère 357 tableaux et portraits, répartis
en différentes pièces de l’Alcazar et présentant déjà l’intérêt et
toute l’importance d’une collection aussi riche que choisie. Parmi
ces ouvrages où l’on relève les noms du Titien, Corrège, Sanchez
Coëllo, Jérôme Bosch, Yan der Weyden, la plupart figurent aujour-
d’hui au Musée du Pardo. D’autre part, le roi avait déjà fait ses
résidences favorites du Prado et de l’Escurial qu’il avait décorées
de portraits, particulièrement du Titien et d’Antonio Moro, mais
dont on ignore le nombre. Des dons de tableaux et des copies d’œuvres
célèbres lui furent offerts par les villes flamandes et par des princes
régnants et, à diverses époques, lui-même prit soin de faire acheter,
à la mort de plusieurs grands personnages de sa cour et étrangers,
des ouvrages importants. Le catalogue du Musée du Prado enregistre
quelques-unes de ces acquisitions.
Sous le règne de Philippe III, monarque aux idées étroites, plus
adonné à la chasse et aux pratiques de dévotion qu’à la culture des
arts, les richesses artistiques du royal patrimoine ne s’accrurent
guère que des portraits exécutés par les peintres du roi, Bartolome
Gonzalez, Antonio Rizi et Santiago Moran, de divers dons qui lui
furent offerts par des personnes à son service ainsi que par la gouver-
nante des Flandres, l’infante Isabelle-Claire-Eugénie, et du legs inté-
gral de ses collections qu’avait fait au roi le comte Pierre-Ernest de
Mansfeld. La plupart de ces ouvrages prirent place dans les salles du
Pardo, ou bien allèrent décorer le palais de Yalladolid, résidence
habituelle de Philippe III. On y inventoriait après sa mort le chiffre
respectable de 499 tableaux et portraits. C’est à Valladolid, en 1603,
que le roi reçut l’ambassade envoyée par le duc de Mantone, Yincent
Gonzague Ier, chargée d’offrir à Philippe et à son tout-puissant
ministre, le duc de Lerma, divers présents consistant en chevaux,
carrosse, arquebuses à secret, vases,..de cristal de roche et encore en
tableaux que Rubens, qui accompagnait l’ambassadeur, était spécia-
lement chargé de présenter. Nos lecteurs savent qu’à cette occasion
et pour compléter le nombre des ouvrages offerts dont quelques-uns
avaient été gâtés dans le voyage, Rubens peignit un Heraclite et un
Démocrite aujourd’hui au Musée du Prado.
Le règne de Philippe IY, si désastreux pour la puissance espa-
gnole, fut au contraire pour les arts, et plus particulièrement pour
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prouva.en laissant vendre les bijoux et les joyaux de prix laissés par
son père et en ne se réservant que les seuls tableaux. Un inventaire
dressé deux ans après la mort de Philippe et conservé aux archives
du Palais de Madrid, énumère 357 tableaux et portraits, répartis
en différentes pièces de l’Alcazar et présentant déjà l’intérêt et
toute l’importance d’une collection aussi riche que choisie. Parmi
ces ouvrages où l’on relève les noms du Titien, Corrège, Sanchez
Coëllo, Jérôme Bosch, Yan der Weyden, la plupart figurent aujour-
d’hui au Musée du Pardo. D’autre part, le roi avait déjà fait ses
résidences favorites du Prado et de l’Escurial qu’il avait décorées
de portraits, particulièrement du Titien et d’Antonio Moro, mais
dont on ignore le nombre. Des dons de tableaux et des copies d’œuvres
célèbres lui furent offerts par les villes flamandes et par des princes
régnants et, à diverses époques, lui-même prit soin de faire acheter,
à la mort de plusieurs grands personnages de sa cour et étrangers,
des ouvrages importants. Le catalogue du Musée du Prado enregistre
quelques-unes de ces acquisitions.
Sous le règne de Philippe III, monarque aux idées étroites, plus
adonné à la chasse et aux pratiques de dévotion qu’à la culture des
arts, les richesses artistiques du royal patrimoine ne s’accrurent
guère que des portraits exécutés par les peintres du roi, Bartolome
Gonzalez, Antonio Rizi et Santiago Moran, de divers dons qui lui
furent offerts par des personnes à son service ainsi que par la gouver-
nante des Flandres, l’infante Isabelle-Claire-Eugénie, et du legs inté-
gral de ses collections qu’avait fait au roi le comte Pierre-Ernest de
Mansfeld. La plupart de ces ouvrages prirent place dans les salles du
Pardo, ou bien allèrent décorer le palais de Yalladolid, résidence
habituelle de Philippe III. On y inventoriait après sa mort le chiffre
respectable de 499 tableaux et portraits. C’est à Valladolid, en 1603,
que le roi reçut l’ambassade envoyée par le duc de Mantone, Yincent
Gonzague Ier, chargée d’offrir à Philippe et à son tout-puissant
ministre, le duc de Lerma, divers présents consistant en chevaux,
carrosse, arquebuses à secret, vases,..de cristal de roche et encore en
tableaux que Rubens, qui accompagnait l’ambassadeur, était spécia-
lement chargé de présenter. Nos lecteurs savent qu’à cette occasion
et pour compléter le nombre des ouvrages offerts dont quelques-uns
avaient été gâtés dans le voyage, Rubens peignit un Heraclite et un
Démocrite aujourd’hui au Musée du Prado.
Le règne de Philippe IY, si désastreux pour la puissance espa-
gnole, fut au contraire pour les arts, et plus particulièrement pour