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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 3, Le mausolée de Trysa
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0320

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292

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

petites cités, ou plutôt de cantons, obéissant à des princes de l’aristo-
cratie indigène qui se réclamaient d’ancêtres fabuleux.

C’est seulement vers l’époque de l’ère chrétienne, lorsque la
Lycie devint province romaine, que l’intérieur du pays s’ouvrit lar-
gement à l’hellénisme. Jusque-là, bien que les princes lyciens eussent
souvent appelé chez eux des artistes grecs, la Lycie avait conservé
le cachet de sa civilisation particulière. Ce caractère est surtout
sensible dans les tombeaux, qui représentent pour nous toute l’an-
cienne architecture du pays. Les tombeaux lyciens, à l’exception
des simples niches creusées dans le roc et de quelques tours, déri-
vent tous de la construction en bois, naturellement en faveur dans
cette province richement boisée, dont les forêts sont encore aujourd’hui
la principale source de revenu. On a dit avec raison que la tombe
lycienne était une maison en charpente pétrifiée. Tantôt on ne trouve
que des façades appuyées à la paroi calcaire, tantôt ce sont de grands
sarcophages à couvercle ogival, habitations des morts faites à l’image
de celles des vivants, mais dans une matière plus durable. Cette
préoccupation de la durée des sépultures a été plus vive chez les
Lyciens que chez la plupart des autres peuples de l’antiquité.
Quand ils ne les creusaient pas dans le roc à des hauteurs presque
inaccessibles, ils leur donnaient une solidité qui les a conservées
jusqu’à nous malgré les siècles. La Lycie est le pays des tombes par
excellence, celui aussi où la religion funéraire s’est développée le
plus tôt. Ces formules prohibitives par lesquelles on protège une
tombe contre la spoliation ou l’usurpation, c’est en Lycie qu’elles ont
pris naissance et c’est de là qu’elles ont passé en Grèce et en Italie,
où on ne les trouve guère en usage qu’à l’époque romaine. Quand
même nous ne saurions rien touchant la langue et les mœurs propres
aux Lyciens, l’étude de leurs tombes, qui subsistent au nombre de
plusieurs centaines, suffirait à porter témoignage de l’originalité de
ce peuple et à lui assigner une place à part dans l’histoire de la civi-
lisation en Anatolie.

I

La découverte archéologique de la Lycie ne remonte qu’à une
cinquantaine d’années. Elle fut surtout l’œuvre d’un intelligent tou-
riste anglais, sir Ch. Fellovvs, qui publia les relations de ses voyages
en 1839 et 1841. Activement poussée d’abord par des hommes comme
 
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