316
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cette médaille, ainsi que nous l’avons dit, porte la date 1551.
Comme on n’en connaît pas d’épreuve de l’époque, on peut se demander
si les coins gravés par Etienne de Laune ont servi pour la fabrication
à la presse ou au marteau. Nous sommes tenté de croire que le
premier de ces deux procédés a dû être employé, car le haut-relief
du buste eût été impossible à obtenir sur un flan, à coups répétés de
marteau. La date 1551 (ancien style) correspondrait au commencement
de l’année 1552 (nouveau style), du 31 janvier, date de la nomination
d’Etienne de Laune, au 17 avril, date de Pâques.
Mais un passage d’un document que nous citerons en parlant de
Guillaume Martin établit qu’avant 1558 on n’avait pu fabriquer à
la Monnaie du Moulin de médailles supérieures, comme relief et
module, à celle d’Henri II, reproduite sur une de nos planches
(PL III, n° 1).
La médaille d’Etienne de Laune, un peu inférieure comme module,
à celle-ci, a un relief bien plus fort. Si, comme le dit le document,
on avait eu beaucoup de difficulté, en 1558, à frapper la médaille
d’Henri II, il nous semble impossible qu’on ait réussi, plusieurs
années auparavant, à obtenir la médaille d’Etienne de Laune, avec
la presse importée d’Allemagne un an auparavant: celle-ci n’ayant
pas encore la puissance mécanique que les perfectionnements d’Aubin
Olivier devaient lui donner. Il est probable que l’œuvre d’Étienne de
Laune est une médaille de restitution, restitution peu postérieure au
règne d’Henri II ‘. Nous connaissons en effet, de l’époque de Charles IX,
des médailles frappées à la presse, supérieures comme module et
comme relief à celle-ci2.
Ces trois médailles d’Etienne de Laune présentent le caractère si
particulier de l’art français de la Renaissance. Une grande finesse
dans l’expression des physionomies, un sentiment très marqué pour
l’élégance des figures, souvent un peu maigres, une grande sobriété
dans les accessoires.
Trois médailles, dont des exemplaires d’or, d’argent et de bronze
1. Robert-Dumesnil a signalé dans le Peintre graveur français (t. IX, pp. 22-24),
en parlant d’Étienne de Laune, ces trois médailles. Au sujet de la troisième, il ne
voit pas dans la lettre S l’initiale de Stephanus.
Plusieurs médailles italiennes ont la même signature, S. Leur auteur est
probablement Niecolô Signoretti, graveur de monnaies, à Reggio (I55G-1562).
2. Il existe une médaille d’un module un peu supérieur (59 mm), portant la date
-1552, dont le sujet et la légende du revers se rapprochent de ces deux médailles,
mais le style en est tout différent. Elle paraît, d’ailleurs, avoir été restituée au
xvne siècle (Trésor de numismatique, lre partie, pl. XIII, n°2).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cette médaille, ainsi que nous l’avons dit, porte la date 1551.
Comme on n’en connaît pas d’épreuve de l’époque, on peut se demander
si les coins gravés par Etienne de Laune ont servi pour la fabrication
à la presse ou au marteau. Nous sommes tenté de croire que le
premier de ces deux procédés a dû être employé, car le haut-relief
du buste eût été impossible à obtenir sur un flan, à coups répétés de
marteau. La date 1551 (ancien style) correspondrait au commencement
de l’année 1552 (nouveau style), du 31 janvier, date de la nomination
d’Etienne de Laune, au 17 avril, date de Pâques.
Mais un passage d’un document que nous citerons en parlant de
Guillaume Martin établit qu’avant 1558 on n’avait pu fabriquer à
la Monnaie du Moulin de médailles supérieures, comme relief et
module, à celle d’Henri II, reproduite sur une de nos planches
(PL III, n° 1).
La médaille d’Etienne de Laune, un peu inférieure comme module,
à celle-ci, a un relief bien plus fort. Si, comme le dit le document,
on avait eu beaucoup de difficulté, en 1558, à frapper la médaille
d’Henri II, il nous semble impossible qu’on ait réussi, plusieurs
années auparavant, à obtenir la médaille d’Etienne de Laune, avec
la presse importée d’Allemagne un an auparavant: celle-ci n’ayant
pas encore la puissance mécanique que les perfectionnements d’Aubin
Olivier devaient lui donner. Il est probable que l’œuvre d’Étienne de
Laune est une médaille de restitution, restitution peu postérieure au
règne d’Henri II ‘. Nous connaissons en effet, de l’époque de Charles IX,
des médailles frappées à la presse, supérieures comme module et
comme relief à celle-ci2.
Ces trois médailles d’Etienne de Laune présentent le caractère si
particulier de l’art français de la Renaissance. Une grande finesse
dans l’expression des physionomies, un sentiment très marqué pour
l’élégance des figures, souvent un peu maigres, une grande sobriété
dans les accessoires.
Trois médailles, dont des exemplaires d’or, d’argent et de bronze
1. Robert-Dumesnil a signalé dans le Peintre graveur français (t. IX, pp. 22-24),
en parlant d’Étienne de Laune, ces trois médailles. Au sujet de la troisième, il ne
voit pas dans la lettre S l’initiale de Stephanus.
Plusieurs médailles italiennes ont la même signature, S. Leur auteur est
probablement Niecolô Signoretti, graveur de monnaies, à Reggio (I55G-1562).
2. Il existe une médaille d’un module un peu supérieur (59 mm), portant la date
-1552, dont le sujet et la légende du revers se rapprochent de ces deux médailles,
mais le style en est tout différent. Elle paraît, d’ailleurs, avoir été restituée au
xvne siècle (Trésor de numismatique, lre partie, pl. XIII, n°2).