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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Wyzewa, Teodor de: L' exposition des arts de la femme au Palais de l'industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0403

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368

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’exposition à outrance, l’âme humaine continue à rester malheureu-
sement une chose qui ne se laisse pas mettre sous vitrine.

Le seul tort, pour un critique grincheux, de l’Exposition des Arts
delaFemme actuellement ouverte au Palais de l’Industrie,c’est qu’elle
ressemble un peu à ce Musée de Psychologie. On y trouve toute sorte
de belles choses se rapportant à la femme, mais on n’y trouve pas la
femme elle-même, qui est pourtant le plus curieux et le plus parfait
chef-d’œuvre de l’art féminin. Car quels sont proprement les arts de
la femme, sinon l’élégance des formes, la grâce des manières, le sou-
rire et les larmes, et l’art de nous séduire, et l’art de nous tromper?
Et que signifient les ornements les plus précieux, les robes, les
chapeaux, les éventails, les bijoux, si l’on ne nous les montre pas
embellis et vivifiés par une femme qui s’en pare? L’agrément de ces
objets n’est-il pas en grande partie dans la façon dont ils sont
employés, et ne suffît-il pas toujours qu’une robe soit bien portée
pour qu’elle nous paraisse jolie? La véritable exposition des arts de
la femme, considérés à ce point de vue spécial, ce n’est pas au Palais
de l’Industrie qu’on la trouvera, mais plutôt encore sur les deux côtés
du Palais, à sa droite et à sa gauche, aux Champs-Elysées et au
Jardin de Paris. Et ce qu’on trouvera seulement au Palais de
l'Industrie, c’est quelque chose comme un cabinet de toilette idéal,
où plusieurs générations de femmes auraient déposé, sans consentir
à s’y faire voir elle-mèmes, les principaux ornements de leur beauté.
Beaucoup de ces ornements sont des pièces d’un joli travail, ou bien,
par leur date ou leur pays d’origine, fournissent de curieux docu-
ments à l’histoire générale des arts décoratifs. Mais on ne peut
s’empêcher de trouver l’ensemble un peu froid, comme de beaux
décors après une pièce jouée, ou de beaux appartements après le
départ des maîtres de la maison. Aussi bien, n’est-ce point la faute
des organisateurs de l’Exposition : on ne pouvait raisonnablement
exiger d’eux qu’ils fissent concurrence à la foire de Neuilly, en
installant au Palais de l’Industrie un concours de beauté.

Ils ont du moins cherché à faire oublier de leur mieux l’absence
du sujet principal, dans leur Exposition. Et je ne parle pas seule-
ment de l’autorisation accordée aux magasins de nos boulevards de
se faire représenter là par leurs vendeuses les plus séduisantes. Mais
plusieurs des sections de l’Exposition témoignent d’un effort pour
animer les objets exposés, en les présentant dans leur milieu naturel.
Ainsi le Musée Grévin a fait reproduire en cire une estampe fameuse
de Moreau le jeune, les Délices de la maternité : nous y revoyons, avec
 
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