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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Leprieur, Paul: Burne-Jones, décorateur et ornemaniste: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0419

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BURNE-JONES.

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est le plus illustre champion à l’étranger. Il a l’imagination aussi
vive que l’intelligence ouverte et fine. C’est un lettré, un érudit
même, nourri de la subtile poésie du moyen âge finissant, et qui, à
certains jours, se retrouve presque contemporain du Roman de la Rose,
par la grâce et l’ingéniosité cherchée de ses intentions. Mais, s’il
connaît à fond l’allégorie et ne dédaigne pas le symbole; s’il goûte
même surtout, dans les vieux contes d’autrefois, dans les légendes
pieusement recueillies, qui alimentent d’ordinaire son inspiration,
le simple plaisir de rêver : autant, et même plus peut-être, que ses
rivaux français, il tient à enserrer ses idées en des contours fermes;
il sait le prix du rythme et de la beauté.

Le tableau reproduit par M. Payrau nous en sera tout d’abord
une preuve. Le Vin de Circé (The Wine of Circe), — car tel est le
titre exact de l’œuvre, ce qui en avive encore la saveur étrange, —
est une aquarelle d’assez grande dimension, comme les aime et les
fait volontiers M. Burne-Jones, si compliquées d’ailleurs d’empâte-
ments, de surcharges de gouache et de toute une mystérieuse alchimie
de pinceau, qu’on les distingue à peine de ses peintures, à l’huile.
Elles les valent par l’importance et la taille, autant que par la lenteur
étudiée, les soins raffinés et menus de l’exécution. Celle-ci mesure
27 pouces sur 40 (0m,68 de haut sur lm,016 de large). Elle figurait à
la vente Leyland en mai dernier (c’est même à cette occasion que
nous en avons dit un mot), et y atteignit le prix très raisonnable de
1,350 livres, qui équivaut à près de 35,000 francs. Il nous a été
impossible de savoir en quelles mains elle a passé. L’avis de per-
sonnes bien informées serait qu’elle est en Ecosse. C’est une œuvre
de la période déjà mûre de Burne-Jones, celle où il abandonne la
douceur flottante et la molle tendresse, le vague dilettantisme de ses
débuts tout imprégnés de Rossetti, et si bien caractérisés, vers 1867,
par le Chant d’amour, pour donner à son style et à ses idées une
allure plus virile, et, grâce à l’influence de maîtres désormais uni-
quement adorés, comme Botticelli ou Mantegna, fortifiant tous les
jours davantage son dessin, ajoute au charme la grandeur. On peut
même dire que c’est le point initial de cette période, qui devait trouver
après 1870 surtout son plein développement. Le Vin de Circé date
de 1869. Il fut exposé l’année même à la Royal Academy et célébré
dignement, dès son apparition, par M. Burty dans la Gazette. C'est
un jalon dans la carrière du maître, et comme la première révélation
d’un idéal en train de se fixer.

Ce qui frappe particulièrement, dans cette peinture seri’ée et
 
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