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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0447

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410

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à Berlin, en 1695, tente chez nous quelques portraits, mais revient
toujours à l’allégorie. Feuilletez les comptes des bâtiments publiés
par M. GuifFrey, vous n’y verrez que des spécialistes peintres sur
vélin occupés aux fleurs du Muséum, à la reproduction de tableaux,
tels Clément, Kender ou Yerseliin ; qu’ils tentent un portrait célèbre,
ils s’adressent à Lebrun ou à Mignard sans plus de façons.

On nommera Petitot comme une exception, et l’on aura grand
tort, parce que ce grand artiste fut plus que tout autre un transcrip-
teur, un copiste, un adaptateur. Dans un article sur la miniature
au xviie siècle, il est bien difficile de ne pas nommer au moins Petitot,
encore que son procédé spécial ne tienne que d’assez loin à la pein-
ture sur vélin. Petitot a fait du portrait-miniature, assure-t-on, et
strictement il est présumable qu’avant de manier l’émail il s’était
exercé la main aux minuscules effigies dans un genre moins aléatoire
et moins quinteux. Mais ce serait s’exagérer beaucoup ses mérites
que de le comparer aux Clouet, peintres d’après le vif, copistes de
leurs propres crayons, artistes originaux et définitifs pour tout dire.
De tant de choses charmantes dues à Petitot, de ces bijoux d’effigies,
ou effigies de bijoux, terme plus juste, aujourd’hui classés dans nos
musées et dans nos collections particulières, pas une seule n’a été
inventée ni créée par lui. Toute sa gloire, laquelle n’est point si
négligeable, consiste à mettre de l’esprit dans une parodie, à adapter
finement, on pourrait même ajouter avec malice, les intentions
d’autrui. Imaginez Petitot au xvie siècle, il fût mort de misère;
au xvne il rencontra Yan Dyck, Mignard, Champagne et Lebrun, et
son renom est universel.

M. Henri Bordier nous a dit sa très véridique histoire, en tête du
livre publié par Blaisot1 ; Mariette en avait esquissé les lignes prin-
cipales dans son Abécédaire. Il ressort de ces notes, que Petitot était
parti dans la vie artistique à la façon des émailleurs orfèvres du
xvie siècle, Dujardin ou Érondelle par exemple. Toute son ambition
se bornait à la décoration émaillée des boîtes à bijoux, des cadres ou
des bracelets, sans plus d’espoir, lorsque à peine âgé de vingt ans
(aux environs de 1627) il s’en fut à Londres. Ici une légende, les 1

1. Les émaux de Petitot du Musée impérial du Louvre; Portraits gravés au burin
par M. L. Ceroni. Paris, Blaisot, 1862, 2 vol. in-4°.
 
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