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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 5
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0450

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LE PORTRAIT-MINIATURE EN FRANCE.

413

la fantaisie la plus inattendue a baptisé toutes ces figures, au hasard
parfois, souvent avec une préméditation pieuse mais trop risquée.
On a en outre voulu faire honneur à Petitot de deux ou trois minia-
tures sur vélin que leur extrême finesse et leur habileté précieuse
ont mises en dehors des autres, Marie-Thérèse et Colbert, dit-on; ceci
est possible, vraisemblable même, car, je le disais tout à l’heure,
Petitot avait miniaturé avant d’émaiiler; qui peut le plus peut le
moins. Le point délicat serait de démontrer l’originalité incontes-
table de ces portraits, ce qu’on n’a su faire encore

Une preuve morale contre, c’est que les graveurs contemporains
de Petitot ne le traduisirent pas. Ils s’attaquaient de préférence au
modèle qui avait servi à l’émailleur. Il faut arriver à la fin du
xvme siècle, à ChofFard, pour retrouver un Petitot gravé; c’est le
portrait de La Rochefoucauld dont la première idée sur toile, vrai-
semblablement perdue alors, revivait dans le très médiocre émail
du Genevois.

On s’étonne pour l’instant qu’après un succès de plusieurs années
à la cour de France, il reste chez nous si peu de ces choses jolies,
résistantes, faites pour défier la mauvaise fortune ordinaire aux
arts de portraiture. Voilà qui va sembler étrange, mais j’imagine
que simplement exécutés sur vélin les travaux de Petitot fussent
demeurés en plus grand nombre. La raison en est banale. Petitot
appliquait son émail sur une légère plaque d’or, et cet or a tenté la
cupidité des rustres. On a fondu les émaux du malheureux artiste
comme de nos jours encore certains bronziers jettent au creuset les
médailles du Pisan ou d’autres. Ceux qui ont survécu étaient dans
nos Musées, et sans doute ne devaient pas être les moindres de
l’œuvre. Quoi qu’il en soit, si l’on s’étonne de quelque chose en l’es-
pèce, ce doit être moins du petit nombre d’objets sauvés, que bien
au contraire de leur relative quantité. C’est une consolation dont
les philosophes satisfont leur peine.

HENRI BOUCHOT.

(La suite prochainement.)

1. Voir dans le livre d’heures de Catherine de Médicis au Louvre (Musée de la
Renaissance, n° 978) les portraits rapportés de César de Vendôme, de sa femme
Françoise de Mercœur et du due de Beaufort exécutés dans la manière de Petitot
à l’aquarelle sur vélin.
 
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