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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
s’en éloignent au galop, poursuivis par une troupe de guerriers à
pied et à cheval, ces derniers très semblables à ceux de la frise des
Panathénées et représentant sans doute les fiancés des Leucippides.
Voilà pour les deux registres supérieurs. Le troisième raconte les
apprêts du festin, victimes qu’on découpe, tables chargées, énormes
cratères; plus bas, une ravissante réunion de onze jeunes filles, les
compagnes de Phœbé et d’IIélaïre, les unes exprimant leur désespoir
par des gestes pathétiques, les autres assises ou debout avec l’expres-
sion d’une tristesse plus résignée. On dirait tout un essaim de
figurines de Tanagre. A gauche on aperçoit le vieux Leucippe, la mère
des jeunes filles, Philodiké, et leur petite sœur Arsinoé. Les deux
personnages qui s’éloignent à droite semblent être des complices des
Dioscures, mais les récits que nous connaissons de cet épisode n’en
font pas mention.
Ici encore, il faut songer à un original de Polygnote, qui avait
peint dans le temple des Dioscures à Athènes les apprêts du mariage
des Leucippides 1. L’ancienne légende mettait aux prises les Dioscures
et les Apharides à propos d’un enlèvement de troupeaux : c’est la
même cause de guerre que dans l’épopée nationale de l’Irlande, plus
primitive, à cet égard, que l’Iliade. La version adoptée par l’art est
plus récente et ne se trouve même pas, dans la littérature qui nous
reste, antérieurement à Théocrite.
Les reliefs suivants (face interne du mur septentrional) ont trop
souffert pour que nous puissions y insister; ce sont des scènes de
chasse et des combats de Centaures contre des Lapithes, où l’on
reconnaît çà et là, presque sur chaque pierre, des motifs que l’art
grec nous a depuis longtemps rendus familiers. Ce qui reste de la
décoration interne du mur oriental représente la suite de la bataille
contre les Centaures et les exploits de Thésée. De ces dernières scènes,
deux sont d’une conservation suffisante pour permettre d’apprécier
leur mérite : d’une part, Thésée jette à la mer le brigand Sciron; de
l’autre, le héros athénien courbe jusqu’à terre l’arbre qui fournissait
des victimes au brigand Sinis.
Nous avons vu que l’intérieur de l’héroon était probablement
disposé pour la célébration de banquets funéraires, de ces festins en
l’honneur des morts, accompagnés de musique et de danses, dont on
retrouve l’image sur de si nombreux bas-reliefs grecs. Ces bas-reliefs
ne sont, en quelque sorte, que la fixation dans une matière durable
1. Pausanias, I, 18, I.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
s’en éloignent au galop, poursuivis par une troupe de guerriers à
pied et à cheval, ces derniers très semblables à ceux de la frise des
Panathénées et représentant sans doute les fiancés des Leucippides.
Voilà pour les deux registres supérieurs. Le troisième raconte les
apprêts du festin, victimes qu’on découpe, tables chargées, énormes
cratères; plus bas, une ravissante réunion de onze jeunes filles, les
compagnes de Phœbé et d’IIélaïre, les unes exprimant leur désespoir
par des gestes pathétiques, les autres assises ou debout avec l’expres-
sion d’une tristesse plus résignée. On dirait tout un essaim de
figurines de Tanagre. A gauche on aperçoit le vieux Leucippe, la mère
des jeunes filles, Philodiké, et leur petite sœur Arsinoé. Les deux
personnages qui s’éloignent à droite semblent être des complices des
Dioscures, mais les récits que nous connaissons de cet épisode n’en
font pas mention.
Ici encore, il faut songer à un original de Polygnote, qui avait
peint dans le temple des Dioscures à Athènes les apprêts du mariage
des Leucippides 1. L’ancienne légende mettait aux prises les Dioscures
et les Apharides à propos d’un enlèvement de troupeaux : c’est la
même cause de guerre que dans l’épopée nationale de l’Irlande, plus
primitive, à cet égard, que l’Iliade. La version adoptée par l’art est
plus récente et ne se trouve même pas, dans la littérature qui nous
reste, antérieurement à Théocrite.
Les reliefs suivants (face interne du mur septentrional) ont trop
souffert pour que nous puissions y insister; ce sont des scènes de
chasse et des combats de Centaures contre des Lapithes, où l’on
reconnaît çà et là, presque sur chaque pierre, des motifs que l’art
grec nous a depuis longtemps rendus familiers. Ce qui reste de la
décoration interne du mur oriental représente la suite de la bataille
contre les Centaures et les exploits de Thésée. De ces dernières scènes,
deux sont d’une conservation suffisante pour permettre d’apprécier
leur mérite : d’une part, Thésée jette à la mer le brigand Sciron; de
l’autre, le héros athénien courbe jusqu’à terre l’arbre qui fournissait
des victimes au brigand Sinis.
Nous avons vu que l’intérieur de l’héroon était probablement
disposé pour la célébration de banquets funéraires, de ces festins en
l’honneur des morts, accompagnés de musique et de danses, dont on
retrouve l’image sur de si nombreux bas-reliefs grecs. Ces bas-reliefs
ne sont, en quelque sorte, que la fixation dans une matière durable
1. Pausanias, I, 18, I.