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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, 2, La peinture italienne - les vénitiens: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0505

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LE MUSÉE DU PRADO.

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cependant, il resterait à démontrer que le tableau de Dresde est bien
authentiquement du Titien et non du Giorgione.

Aisément, au surplus, on trouverait parmi les quarante et une
peintures de Tiziano Veccelli (1477-1576), conservées au Musée du
Prado, plus d’un morceau traité dans cette belle gamme chaude et
étouffée, qui rappelle, à faire illusion, l’opulente coloration du
Giorgione. N’est-elle donc pas, entre autres, toute giorgionesque, au
moins dans son intense tonalité et dans la magie de sa réalité, cette
hère Salomé portant, dans un plat d’argent, la tête tranchée du
Baptiste? Cambrée sur ses hanches puissantes, le haut du corps
légèrement renversé en arrière, elle passe triomphante, emportant
son sanglant trophée. Quelle superbe créature et quelle carnation
saine, jeune et vivante! Qui ne la croirait vraiment peinte, comme
disait le Tintoret, avec de la chair broyée? Dans le modèle, on
retrouve les traits de Lavinia, la fille du maître, la même qui a posé
fréquemment pour ce même sujet : Saint-Pétersbourg, Berlin et la
collection de lord Grey, en conservent des exemplaires variés, différant
tout au plus par la nature de l’accessoire que porte l’adorable fille.

L’influence des méthodes du Giorgione est encore sensible dans
les deux toiles intitulées, au catalogue du Prado : la Bacchanale et
l’Offrande à la Déesse des Amours, que le Titien peignit pour Alphonse Ier
d’Este, duc de Ferrare, entre les années 1514 et 1516. Ce prince
s’était d’abord adressé, pour décorer un cabinet dans son palais, à
Dosso Dossi, qui y avait exécuté plusieurs sujets mythologiques ;
puis il avait commandé au vieux Giovanni Bellini une Bacchanale.
Bellini, quoique âgé de quatre-vingt-sept ans, peignit les figures,
laissant inachevé le paysage qui devait servir de fond. Alphonse
appela alors pour le terminer le Titien, qui compléta en même temps
la décoration du camerino à l’aide de trois nouvelles compositions,
dont la troisième, Bacchus et Ariane, appartient à la National Gallery.
L’artiste était alors dans toute sa force; aussi, ces trois ouvrages
sont-ils considérés comme des plus parfaitement beaux qu’il ait
exécutés.

Enlevés du palais de Ferrare, ils allèrent d’abord orner à Rome
le palais Ludovisi, puis ils devinrent la propriété des Pamfili qui,
vers 1638, offrirent à Philipe IY, la Bacchanale et l'Offrande.

« Ce sont ces tableaux, — dit M. Reiset dans ses notices sur
la National Gallery, —que Michel-Ange avait si bien appréciés dans
sa visite au duc de Ferrare en 1530, que plus tard Dominiquin et
Poussin ont étudiés avec tant d’amour et dont Augustin Carrache
 
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