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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, 2, La peinture italienne - les vénitiens: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0518

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476

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Parmi les compositions religieuses, celle qui représente Jésus enfant
discutant avec les docteurs est tout à fait de premier ordre. Ce sujet
convenait d’ailleurs merveilleusement au génie de Véronèse qui n’a
pas manqué de le placer dans un temple d’une grande magnificence
architecturale. Jésus et le Centurion, le Martyre de saint Ginès, le
Sacrifice d’Abraham, une Madeleine repentante et Suzanne et les deux
vieillards sont autant d’œuvres remarquables qui, toutes, se recom-
mandent autant par l’élégance ou la distinction des figures que par
la séduisante magie du coloris.

Le Musée du Prado conserve également une composition intitulée
Jésus aux noces de Cana, acquise à la vente de Charles Ier. Si elle n’est
pas comparable, pour les dimensions et la magnificence de la mise
en scène, aux Noces de Cana et au Repas chez Simon le Pharisien, de
notre Musée du Louvre, elle n’est non plus ni la copie réduite ni
l’esquisse de notre célèbre Banquet. C’est, dans ses modestes propor-
tions, une oeuvre tout à fait originale et d’une belle tonalité claire
et argentine où, comme au Louvre, Véronèse, prenant ses modèles
parmi ses amis, a peint entre autres son propre portrait et celui du
peintre de Vicence, Giovanni-Battista Maganza, revêtus de somptueux
costumes.

Si Véronèse sait créer, comme en se jouant, les plus fastueuses
ordonnances et traiter avec une superbe aisance les plus vastes
compositions décoratives, il sait tout aussi bien, sur des toiles de
chevalet, donner toute la mesure de son génie de coloriste. On en a
la preuve au Prado dans le Moïse sauvé des eaux, tableau de petit
format d’une facture exquise, finement argentée, où dans un paysage
pittoresque, baigné de lumière, la fille de Pharaon, vêtue de
brocart comme une patricienne, et entourée de ses filles d’honneur,
sourit au jeune enfant que lui présente une de ses suivantes

Parmi les portraits, celui qui nous parait le plus parfaitement
beau porte au catalogue le n° 545. C’est un portrait de femme, jeune,
au visage plein qu’éclairent de beaux yeux bruns et dont la chevelure,
couleur d’or roux, est ornée de perles. Par son éclat, l’élégance et la
richesse du costume, cet ouvrage est assurément supérieur au por-
trait de Jeune femme que possède le Louvre.

Entre les élèves de Véronèse qui se trouvent représentés au
Prado, nous devons citer : de Carletto, le fils du maître, ce jeune
peintre de tant d’espérance et qui mourut à vingt-quatre ans, une 1

1. Voy. l’eau-forte publiée dans la Gazette, 3e pér., t. III, p. 470.
 
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