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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Guiffrey, Jules: Le sculpteur Claude Michel dit Clodion (1738 - 1814)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0534

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LE SCULPTEUR CLODION.

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et du talent, entreprit et termina les grands ouvrages qui doivent
nous occuper maintenant.

Toutefois, avant d’entrer dans le détail de ses travaux, disons
quelques mots d’un voyage qui le retint un certain temps loin de
Paris. A la fin de l’année 1773, il partait pour l’Italie, investi d’une
mission officielle. Le Directeur des Bâtiments l’avait chargé d’aller
à Carrare acheter des marbres pour le Roi. Clodion s’acquitta de
cette corvée avec tact et à la satisfaction de son chef. Ce n’était pas
une petite affaire, au xvme siècle, que de faire transporter en France
les blocs nécessaires pour les statues commandées aux artistes. Le
voyage de ces masses pesantes entraînait des dépenses énormes et
des difficultés sans nombre. Le rôle confié à l’artiste en cette circon-
stance montre qu’il avait su se recommander par d’autres qualités
que par son mérite. Pendant sa tournée, il trouva le temps de pousser
une pointe jusqu’à Rome. Cette séduction exercée par les souvenirs
de l’antiquité sur un sculpteur d’un tempérament si vivant et si
moderne, n’est-elle pas caractéristique? Enfin, au mois de juillet,
ou au commencement d’août 1773, il était de retour à Paris; il ne
devait plus s’en éloigner désormais avant la Révolution.

Pour accepter aussi facilement la tâche ingrate d’aller surveiller
en personne l’acquisition et le transport de marbres pour le Roi,
Clodion avait été décidé par un autre motif que l’attrait d’un voyage
en Italie. L’archevêque de Rouen, Dominique de La Rochefoucauld,
un cousin de ce duc de La Rochefoucauld qui avait encouragé les
débuts de Clodion, venait de choisir notre artiste pour exécuter
une partie des figures destinées à la décoration du jubé que le
chapitre avait décidé de construire dans la cathédrale de Rouen.
Clodion, pour sa part, était chargé d’une statue en marbre de sainte
Cécile et d’un bas-relief représentant la mort de la vierge.

L’autre partie du travail, une statue de Vierge avec l’enfant
Jésus surmontant un bas-relief du Christ au tombeau, était confiée
au sculpteur Lecomte. Plus tard, l’ensemble devait être complété par
un Christ en croix, de plomb doré, aussi de la main de Clodion.
Mais, en 1773, il n’était question que de la Vierge et de la sainte
Cécile. De la correspondance de Clodion avec l'abbé Terrisse, inten-
dant du chapitre de Notre-Dame de Rouen, et avec Couture, archi-
tecte de la cathédrale, — correspondance publiée par M. Thirion,
— il ressort que le sculpteur avait été spécialement investi par le
chapitre de la mission d’aller choisir à Carrare les marbres néces-
saires à cette grande entreprise.
 
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