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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 6
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Scheikévitch, S.: Un portrait de Molière signé P. Mignard: correspondance de Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0559

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UN PORTRAIT DE MOLIÈRE. 515

« en marbre qu’il a faite pour le roi de France. Le portrait, jusque-là, n’était pas
« sorti de la famille. »

Une note mise au dos du portrait indique qu’il aurait été peint en 1671, soit
deux ans avant la mort de Molière. Si celte date est exacte, la peinture ne saurait
être de Mignard, attendu que celui-ci est mort en 1668. C’était d’ailleurs l'opinion
de Paul Mantz : « Pour moi, écrivait-il je ne reconnais pas la main de Mignard
dans le portrait robuste, personnel et délicat qui nous est montré par le duc
d’Aumale. »

Nous ne possédons, pour juger le portrait de Moscou, d’autres documents que la
photographie envoyée par notre correspondant et les commentaires qui l’accom-
pagnent. Nous avons fait reproduire directement cette photographie, pour en con-
server autant que possible les caractères essentiels. Enfin, nous avons cru bon de
remettre sous les yeux de nos lecteurs des reproductions réduites de plusieurs des
gravures que nous avons publiées antérieurement d’après les portraits de Molière :
la peinture delà Comédie-Française, celle de Chantilly et la gravure de Nolin. La
confrontation de ces pièces diverses rend évidente la parenté du portrait de
Moscou avec celui de Chantilly et surtout avec la gravure de Nolin. La peinture
appartenant au duc d’Aumale, nous paraît supérieure au point de vue de l’art; le
dessin est plus savant et plus ferme que dans le tableau de Moscou; la mollesse
d’exécution de celui-ci, autant qu’on en peut juger par la photographie, le rapproche
davantage de la manière de Mignard. Détail qui a son importance : dans la
peinture de Moscou, nous retrouvons la robe de chambre de brocart, jaune et
vert, — les couleurs favorites de Molière2, — portée dans l’invenlaire après décès;
le tableau de Chantilly et la gravure de Nolin montrent des étoffes de soie unie
avec doublure d’un ton différent et plus foncé.

En résumé, il nous semble fort admissible que ce soit là la peinture dont Nolin
s’est servi pour faire sa gravure, en y ajoutant les stigmates de l’âge et des cha-
grins endurés pour rentrer dans la vérité historique d’un Molière de la dernière
heure, assombri par les souffrances physiques et morales.

N. D. L. R.

1. Voy. Gazelle, t. XVIII, 2e période, p. 870.

2. Voy. Gazette (t. XVII, 2° période, p. 206) l’arlicle de B. Fillon sur le Blason de
Molière.
 
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