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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Hamel, Maurice: Les derniers travaux sur Albert Dürer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0082

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

se retranche dans sa conscience germanique, pour aboutir, entre 1510 et 1515,
à la plénitude de sa force et de son génie; il s’épanouit alors dans la liberté
conquise et s’achemine vers la tâche suprême, l’expression monumentale et
typique des caractères.

On sait que Durer a consacré une bonne part de son temps à des études théo-
riques. Mais ces études ont-elles, contrairement à l’opinion de Thausing, exercé
une influence directe sur sa pratique, et quelles sont au juste dans son œuvre les
figures et les têtes construites d’après un schème régulier? tel est le sujet d’un
livre intéressant de M. Justi. Tout sensible qu’il fût au caractère individuel
des êtres, et persuadé que nul idéal abstrait ne doit être préféré à la nature,
Diirer se préoccupa de bonne heure de fixer les proportions du corps humain. Il
était jeune encore, nous dit-il, quand Jacopo de’ Barbari lui montra des figures
mesurées d’après certains principes, sans vouloir lui expliquer plus clairement
sa méthode. Dès lors, s’aidant de Yitruve et de la nature, Durer s’efforça de
déterminer un canon normal. De là un certain nombre de figures qui se distin-
guent des autres, si individuelles, par une froideur spéciale, par un caractère
abstrait et impersonnel.

Le groupe le plus important provient des années 1504 à 1507. L'auteur l’ap-
pelle « le groupe d’Apollon», parce que les figures viriles procèdent en majeure
partie de l’Apollon du Belvédère. Parmi ces nus d’hommes et de femmes, plusieurs
portent des lignes géométriques, rectangles et circonférences; sur d’autres M. Justi a
retrouvé des traces de construction, non soupçonnées jusqu’ici. Toutes ces figures
sont donc construites. Ce sont les deux Apollon de la collection Poynter et du
British Muséum, YHomme a la massue de la collection Bonnat, YEsculape de Beiflin
(collection Beckerath), les deux Aclam de la collection Lanna et de l’Albertine ;
les femmes nues de Berlin et de Londres, les Ève de Londres, de TAlhertine et
de la collection Lanna. Ajoutons que Y Adam et Ève gravé de 1504 et celui du
Prado (1507) se rattachent étroitement à ces dessins et sont construits d’après les
mêmes principes.

Le schème entier ne subsiste que sur Y Adam de l'Aibertine, en revanche sur
presque toutes les figures de femmes; mais, tandis que le schème féminin est
variable, le schème viril se modifie très peu. Sur une ligne médiane qui donne
la longueur du corps, si l’on porte deux fois le 1/6 de cette longueur, on arrive
au point C par lequel passe la base d’un carré inscrit dans la poitrine et dont
chaque côté comporte 1/6 de la longueur. Un cercle, circonscrit à ce carré,
fournit le contour des épaules. La construction des hanches est plus artificielle
et moins organique. Disons seulement qu’elles sont construites grâce à des lignes
qui ont en hauteur 1/6, en largeur 1 /6 à la partie supérieure et à la base 1/5
de la longueur du corps. Leur double inflexion est obtenue par des arcs de cercle
dont le centre est choisi assez arbitrairement. Le bord inférieur du genou est
tracé aussi par un arc de cercle. L’entre-jambes est à la moitié du corps. Ajou-
tons que la tête comporte 1/8 et le visage 1/10 de la longueur totale : celui-ci
se subdivise en trois parties égales : front, nez, bas du visage. Ce schème se
modifie avec le temps; la construction des hanches est simplifiée; Durer se sert
 
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