UN MANUSCRIT DE PHILIPPE LE BON
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eut dit sa messe, il courut raconter sa vision à Charlemagne; l’em-
pereur se décida enfin à rebrousser chemin et trouva Roland étendu
au pied d’un arbre (à droite an milieu). Les soupçons se portèrent
sur Ganelon; sa trahison fut prouvée, et alors « sans plus faire
d’aloigne, l’empereur fit quérir quatre des plus forts roncins de
ÉPISODES DE L’HISTOIRE DE SAINT LOUIS
MINIATURE DES « GRANDES CHRONIQUES DE SAINT-DENTS »
(Bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg.)
tout l’ost et le fit lier par pieds et par mains; tant fut trait, qu’il
fut dépecé tout par membres. »
Cette scène de l’écartèlement de Ganelon (en haut à droite), en
présence de Charlemagne sur son cheval blanc, rappelle le Martyre
de saint Hippo/y te de Bouts; il y a surtout une analogie, qui ne
saurait être fortuite, entre les deux chevaux blancs, à droite, qui
s’éloignent au galop en tirant chacun une jambe de la victime. Les
deux artistes se sont-ils inspirés d’un même modèle que nous ne
possédons plus? Le miniaturiste a-t-il connu le tableau de Bouts?
Il est impossible de se prononcer à cet égard; mais ce qui n est pas
contestable, c’est la parenté des deux représentations1.
1. M. Durrieu vient de publier une autre scène d’écartèlement très voisine du
tableau de Bouts, qui se trouve dans une miniature de 1 Histoire du bon roi
Alexandre faisant partie de la collection Dutuit (L’Histoire du bon roi Alexandre,
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eut dit sa messe, il courut raconter sa vision à Charlemagne; l’em-
pereur se décida enfin à rebrousser chemin et trouva Roland étendu
au pied d’un arbre (à droite an milieu). Les soupçons se portèrent
sur Ganelon; sa trahison fut prouvée, et alors « sans plus faire
d’aloigne, l’empereur fit quérir quatre des plus forts roncins de
ÉPISODES DE L’HISTOIRE DE SAINT LOUIS
MINIATURE DES « GRANDES CHRONIQUES DE SAINT-DENTS »
(Bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg.)
tout l’ost et le fit lier par pieds et par mains; tant fut trait, qu’il
fut dépecé tout par membres. »
Cette scène de l’écartèlement de Ganelon (en haut à droite), en
présence de Charlemagne sur son cheval blanc, rappelle le Martyre
de saint Hippo/y te de Bouts; il y a surtout une analogie, qui ne
saurait être fortuite, entre les deux chevaux blancs, à droite, qui
s’éloignent au galop en tirant chacun une jambe de la victime. Les
deux artistes se sont-ils inspirés d’un même modèle que nous ne
possédons plus? Le miniaturiste a-t-il connu le tableau de Bouts?
Il est impossible de se prononcer à cet égard; mais ce qui n est pas
contestable, c’est la parenté des deux représentations1.
1. M. Durrieu vient de publier une autre scène d’écartèlement très voisine du
tableau de Bouts, qui se trouve dans une miniature de 1 Histoire du bon roi
Alexandre faisant partie de la collection Dutuit (L’Histoire du bon roi Alexandre,