DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Bertaux, Émile: Victor Hugo, [2]: artiste
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0167
VICTOR ITUGO ARTISTE
(deuxième et dernier article1 2)
LE DÉCORATEUR
Victor Iiugo ne s’est pas contenté de dresser sur
des pages lavées d’encre des décors imaginaires et
démesurés; il a donné aux intérieurs où il a vécu
un décor réel et massif, d’nne richesse magnifique,
dont il a été le collectionneur et l’artisan.
I
La génération militante qui atteignait l’âge
d’homme dans les années de Notre-Dame cle Paris
et d’Hernam eut la folie du meuble ancien et du bibelot exotique.
Les pourpoints de troubadour et les barbes à la turque ne pouvaient
s’accommoder du mobilier courant, dont l’épaisseur prudhommesque
ressemblait à la rigidité solennelle du style Empire comme le bonnet
à poil d’un garde national au bonnet d’ourson d’un grognard. Les
« Jeunes France » bafouaient l’uniformité de l’acajou et du velours,
signes d’un commerce prospère, en étalant autour d’eux un pêle-
mêle insolent et fougueux. Les écrivains qui se faisaient les com-
mensaux des.artistes mirent à la mode dans leurs cénacles le pitto-
resque d’atelier: Gautier voit chez l’ami Philadelphe des murailles
qui semblent « hérissées d’antithèses » ; les tables sont couvertes
d’objets de toute époque et de toute provenance, « ayant de la tour-
nure et du caractère » ; l’énumération commence par une babouche
turque et finit par « un n’importe quoi, d’une belle conservation - ».
Victor Hugo eut tous les goûts romantiques, mais il les fit siens.
1. Voir Gazette, 3e pér., t. XXIX, p. 463.
2. Th. Gautier, Histoire du romantisme :1e Cénacle; — Les Jeunes France: Je Bol
de punch.
(deuxième et dernier article1 2)
LE DÉCORATEUR
Victor Iiugo ne s’est pas contenté de dresser sur
des pages lavées d’encre des décors imaginaires et
démesurés; il a donné aux intérieurs où il a vécu
un décor réel et massif, d’nne richesse magnifique,
dont il a été le collectionneur et l’artisan.
I
La génération militante qui atteignait l’âge
d’homme dans les années de Notre-Dame cle Paris
et d’Hernam eut la folie du meuble ancien et du bibelot exotique.
Les pourpoints de troubadour et les barbes à la turque ne pouvaient
s’accommoder du mobilier courant, dont l’épaisseur prudhommesque
ressemblait à la rigidité solennelle du style Empire comme le bonnet
à poil d’un garde national au bonnet d’ourson d’un grognard. Les
« Jeunes France » bafouaient l’uniformité de l’acajou et du velours,
signes d’un commerce prospère, en étalant autour d’eux un pêle-
mêle insolent et fougueux. Les écrivains qui se faisaient les com-
mensaux des.artistes mirent à la mode dans leurs cénacles le pitto-
resque d’atelier: Gautier voit chez l’ami Philadelphe des murailles
qui semblent « hérissées d’antithèses » ; les tables sont couvertes
d’objets de toute époque et de toute provenance, « ayant de la tour-
nure et du caractère » ; l’énumération commence par une babouche
turque et finit par « un n’importe quoi, d’une belle conservation - ».
Victor Hugo eut tous les goûts romantiques, mais il les fit siens.
1. Voir Gazette, 3e pér., t. XXIX, p. 463.
2. Th. Gautier, Histoire du romantisme :1e Cénacle; — Les Jeunes France: Je Bol
de punch.