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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 2
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Bertaux, Émile: Victor Hugo, [2]: artiste
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0192

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VICTOR HUGO ARTISTE

171

les deux derniers ouvrages que Victor Hugo ait exécutés de ses
mains avec du bois blanc et quelques pots de couleur. Il achevait
ses tentatives de décorateur par ses créations les plus séduisantes et
les plus « modernes ». La curiosité des techniques raffinées lui man-
qua; sinon il eût réalisé pour sa part ce qui allait être l’œuvre du
lendemain. Devant le cadre du Burg à la croix, supposez un instant
que le coloriage s’incruste en marqueterie, que les plantes soient
dessinées par un artiste aussi savant qu’un botaniste : rien alors ne
manquerait aux quatre planches signées par Victor Hugo pour être
comparables aux meubles d’Emile Gallé, — rien, pas même les
inscriptions qui ajoutent à l'harmonie des tiges et des fleurs la mu-
sique d’une pensée.

V

Les deux maisons de Victor Hugo, à Guernesey et à Paris, com-
plètent l’image historique de l’homme prodigieux, en manifestant
la variété des dons d’artiste qu’il a possédés. Assurément, le soin
qu'a pris Victor Hugo de réunir dans ses habitations un mobilier
riche pour les yeux, le besoin qu’il a eu de s’entourer d’art, sont con-
formes aux'principes du cénacle où les artistes collaboraient avec
les écrivains à une même révolution. Victor Hugo a commencé par
le bric-à-brac des romantiques chevelus; mais il s’en est dégagé, en
ordonnant ses collections comme des décors qui avaient les couleurs
des rêves, en transformant audacieusement les meubles qu'il ache-
tait, enfin en rapprochant des styles différents en des compositions
originales, qu’il exécutait lui-même avec des matériaux vierges. Le
décorateur finit par se détourner du moyen âge, dont l’obsession
poursuivait le dessinateur de « burgs »; Victor Hugo créa, avec des
réminiscences du xvm° siècle, des silhouettes chinoises,des lacis de
plantes grimpantes, une suite nombreuse de fantaisies en bois gravé
et peint qui sont a ussi brillantes et aussi gaies que les dessins lavés
à l’encre vers le même temps étaient sombres et sinistres.

Quelquefois, il est vrai, Victor Hugo a versé des ombres noires
sur le bois qu’il décorait. Le musée de la place des Vosges possède
une glace dont le cadre de sapin est couvert sur trois côtés de fleurs
imaginaires, tandis que le fronton est comme enfumé d’un nuage
au milieu duquel surgissent les tours d’une forteresse du Rhin.
M. et Mme Lockroy ont conservé deux panneaux de bois qui sont un
camaïeu de noir et de brun roussâtre; deux gnomes à faces d’ogres y
 
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