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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

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Nr. 3
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Lefrançois-Pillion, Louise: L' église de Saint-Thibault-en-Auxois et ses œuvres de sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0157

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

i/jO

isolé dans l architecture bourguignonne, se distingue aussi, par plusieurs
particularités, des autres édifices français à deux étages ajourés. Et, tandis
que la chapelle Saint-Gilles reflète le plus pur style de l'Ile-de-France, il
semble que nous nous trouvions ici à une époque un peu plus tardive : début
du xive siècle, en présence d'une influence étrangère, anglaise peut-être. Mais,
quel que soit l’intérêt de ces problèmes, la place nous étant aujourd’hui très
limitée, force est de nous borner à l’examen des œuvres de sculpture que
conserve encore l’église du prieuré.

Cependant, commençons par déblayer le terrain d’une question préjudi-
cielle : quel est le saint Thibault dont les reliques ont été apportées au prieuré
de Fontaine vers le milieu du xme siècle, dont l’image figure au trumeau
du portail latéral Nord et dont la vie est racontée dans le joli retable que nous
aurons à examiner? La question ne se poserait pas si Viollet-le-Duc ne l avait
à plaisir embrouillée en donnant comme titulaire à l’église qui nous occupe
saint Thibault de Marly, abbé des Vaux-de-Cernay, que, par surcroît, il confond
avec Thibault de Marly, trouvère français du xme siècle ! Or, ni l’un ni l'autre
de ces deux personnages n’ont rien à voir avec le saint Thibault né à Provins
au xie siècle, mort ermite à Salaniga près de Yicence, et dont les ossements
rapportés d’Italie à sa ville natale, puis en partie dispersés, furent tout de
suite, et pendant des siècles, en très grande vénération dans diverses villes et
villages de l’Est delà France1. Or, c’est ce saint qu’une tradition constante
assigne comme patron à notre église, qui le fête le Ier juillet2. Si, d’ailleurs,
il y avait un doute sur ce patronage séculaire, il serait levé par l’examen
attentif du retable du xive siècle et des vantaux des portes : dans ces deux
œuvres, — la seconde étant, nous le verrons, calquée avec une exactitude
surprenante sur la première, — se trouvent des traits explicables seulement
par la vie de saint Thibault ermite, encore que la légende de son homonyme
offre quelque ressemblance avec la sienne, tous deux étant de jeunes sei-
gneurs convertis des vanités du monde à la vie religieuse la plus austère.

1. Les dates de sa naissance et de sa mort ne sont pas certaines, mais dès 1080 il avait
son office particulier dans le diocèse de Troyes et dès iogo il donnait son nom à un vil-
lage de l’Aube. Guibert de Nogent (y 1124) montre déjà le culte de notre saint comme
largement répandu : cf. Mgr Allou, Vie de saint Thibault, prêtre et ermite ) Meaux, 1873, in-8.

2. Saint Thibault de Marly est fêté le 8 juillet. L’hypothèse, toute gratuite, de Viollet-
le-Duc avait ceci de séduisant — dont il ne semble pas, d’ailleurs, s’être douté — que
saint Thibault de Marly se rattache à la vie de saint Louis par une prédiction fameuse qui
valut plus tard à ses reliques la vénération de Philippe le Hardi ; or la duchesse Agnès
était fdle de saint Louis. Mais, en dehors même de la tradition locale et du témoignage de
l’iconographie, l’assertion ne résiste pas à un examen dont je ne puis ici donner que le
résultat ; l’histoire des reliques de l’abbé des Vaux-de-Cernay est bien connue : cf. Enri-
quez, Menologium Cistertiense ; — Guilhermv, Inscriptions de la France, t. III ; — Bolland.
Bibliog. hag. lat., 1901, etc.
 
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