Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Homolle, Théophile: Léon Heuzey (1831 - 1922)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0221

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
202

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

montrent avec quelle habileté — à défaut de la photographie, encore peu
appliquée et peu pratique — il maniait la chambre claire et savait ajouter
à sa précision le sentiment de l’artiste. On conçoit aisément ce que pouvait
faire avec de tels concours l’explorateur de l’Olympe et de l’Acarnanie. Dans
la région de Drama, dans la vallée sauvage de l'Erigon (Czerna Riéka),
dans la plaine historique de l’Enipée, il renouvela si bien les données géogra-
phiques, que des cartographes étrangers n’hésitèrent pas à s’approprier ses
découvertes avec une précipitation qu’ils payèrent de plus d’une erreur.

A côté de sa tâche officielle et, en quelque sorte, militaire, le missionnaire
avait demandé qu'on accordât une place à l’archéologie ; il espérait beau-
coup des ruines de Palatitza ; il comptait faire dans la Thrace, la Macédoine,
nily rie, la Thessalie et l’Epire une récolte archéologique bien plus abon-
dante que dans les régions montagneuses, pauvres et arriérées, de sa première
exploration. Près de 2Ôo inscriptions, des chrysobulles et autres actes
byzantins copiés dans les couvents des Météores, quelques statues, des bas-
reliefs, lui ont suggéré sur les croyances, les institutions, les mœurs et l’art,
des remarques très neuves qu’il consigna dans des mémoires particuliers, et
qu’il fondit ensuite dans la Mission de Macédoine (1862-1874), digne d’être
mise en parallèle avec la Mission de Phénicie.

Quatre découvertes de premier ordre suffiraient à illustrer son auteur : les
tombeaux, décorés de peinture et meublés de lits funéraires, qu’il déblaya près
de Pydna et de Palatilza, et dont son compagnon Daumet fit de parfaits
relevés ; la « villa royale )) de Palatitza, dont ils restituèrent ensemble le plan,
la date, la destination et l’histoire ; enfin, la tête de femme voilée découverte
à Apollonie d’Epire et le bas-relief auquel il donna et qui a gardé le titre
d'Exaltation de la fleur. Il a inspiré à Léon Heuzey de séduisantes pages qui
le mirent tout de suite hors de pair parmi les archéologues et les écrivains
d’art. On sait tout ce qu’il discerna de symbolisme profond et gracieux dans ces
figures, où il pensa reconnaître la déesse de la vie et de la mort, la mère de
Douleur et sa fille Coré ; ce qu’il souleva aussi de contradictions dans le camp
des réalistes. C’est le cas de rappeler ici les réflexions si mesurées dans
lesquelles il a spirituellement résumé le fond de sa prudente et subtile
pensée. Il s’interdisait de rien trancher par des solutions absolues, a Peut-
être, » disait-il, « la même indécision (qui nous trouble) a-t-elle existé sou-
vent pour les anciens eux-mêmes et ne se sont-ils pas donné autant de peine
que nous pour en sortir. » Il devait rencontrer souvent sur sa route le même
problème délicat d’éxégèse ; il ne consentit jamais à rabaisser au rang de
simples et bourgeoises mortelles les images à l’origine desquelles il aper-
cevait des croyances religieuses et des traditions funéraires ; il resta toujours
le dévot des Grandes Déesses. Qu’il ait eu tort ou raison, on regretterait
 
Annotationen