LE MONT SAINTE-ODILE
363
La renommée de sainte Odile, la vénération qui entourait son nom ne
suffisent pourtant pas à assurer une existence paisible à sa fondation. Pillé à
trois reprises par les Bulgares et les Hongrois (de 917 a 987), le monastère
connut au xne siècle, malgré des incendies successifs, une période d'incom-
parable éclat sous le gouvernement des savantes abbesses Relinde et Herrade
qui en firent un des foyers intellectuels d'Alsace; mais après une ère de
tranquillité relative, au xive siècle, les revers s’abattent sur lui; dévastations,
pillages, incendies. Reîtres, brigands, Anglais, Armagnacs, Bourguignons,
à quelques années d’intervalle, se ruent sur Hohenbourg. Sept fois brûlée,
huit ou dix fois saccagée, l’abbaye surgit chaque fois de ses ruines jusqu’au jour
LA CHAPELLE DE LA CHOIX A SAINTE-ODILE
où un incendie d’une violence inouïe, le 24 mars 1546, décourage les moniales
qui se dispersent. La dernière abbesse, Agnès VI d’Oberkirch, remet tous ses
pouvoirs et les biens de la communauté à 1 évêque de Strasbourg qui charge
les Prémontrés de Saint-Gorgon de rebâtir le monastère. A peine ces religieux
ont-ils mené leur œuvre à bien que les bandes de Mansfeld et du duc de
Brunswick, le sinistre « ami de Dieu et ennemi des prêtres », y boutent le
feu en 1622. Reconstruit derechef, le couvent est détruit en i63o par les
Suédois et, après une nouvelle restauration, incendié en 1682 par les Impé-
riaux. Sans perdre courage, les Prémontrés relèvent l’église et les bâtiments
rasés. Leur longue patience semble récompensée. Le calme renaît en Alsace.
L’abbaye, érigée en prieuré, leur est confiée. Mais, en 1790, la Révolution
363
La renommée de sainte Odile, la vénération qui entourait son nom ne
suffisent pourtant pas à assurer une existence paisible à sa fondation. Pillé à
trois reprises par les Bulgares et les Hongrois (de 917 a 987), le monastère
connut au xne siècle, malgré des incendies successifs, une période d'incom-
parable éclat sous le gouvernement des savantes abbesses Relinde et Herrade
qui en firent un des foyers intellectuels d'Alsace; mais après une ère de
tranquillité relative, au xive siècle, les revers s’abattent sur lui; dévastations,
pillages, incendies. Reîtres, brigands, Anglais, Armagnacs, Bourguignons,
à quelques années d’intervalle, se ruent sur Hohenbourg. Sept fois brûlée,
huit ou dix fois saccagée, l’abbaye surgit chaque fois de ses ruines jusqu’au jour
LA CHAPELLE DE LA CHOIX A SAINTE-ODILE
où un incendie d’une violence inouïe, le 24 mars 1546, décourage les moniales
qui se dispersent. La dernière abbesse, Agnès VI d’Oberkirch, remet tous ses
pouvoirs et les biens de la communauté à 1 évêque de Strasbourg qui charge
les Prémontrés de Saint-Gorgon de rebâtir le monastère. A peine ces religieux
ont-ils mené leur œuvre à bien que les bandes de Mansfeld et du duc de
Brunswick, le sinistre « ami de Dieu et ennemi des prêtres », y boutent le
feu en 1622. Reconstruit derechef, le couvent est détruit en i63o par les
Suédois et, après une nouvelle restauration, incendié en 1682 par les Impé-
riaux. Sans perdre courage, les Prémontrés relèvent l’église et les bâtiments
rasés. Leur longue patience semble récompensée. Le calme renaît en Alsace.
L’abbaye, érigée en prieuré, leur est confiée. Mais, en 1790, la Révolution