SUR QUELQUES ŒUVRES DE LOUIS ET DE MATHIEU LE NAIN 3g
que nous voyons dans l’admirable tableau de la Charrette et dans quelques
autres peintures du même genre. Mais Louis est le seul des trois frères qui
ait eu cette vision neuve et vraie de la campagne du Nord de la France. Pour
Mathieu, le paysage n’est qu’un fond, traité d'une façon conventionnelle; il
en est ainsi dans d’excellents ouvrages, la Fête du vin par exemple, et la
Leçon de danse.
Il n’est pas jusqu’à la manière assez répréhensible dont est figuré le mur
de la salle où sont réunis les Joueurs de dés qui ne puisse être tenue pour
JOUEURS DE DÉS, PAR MATHIEU LE NAIN
(Collection de M. Nieuhuys.)
une signature de Mathieu. Ce mur n'a pas d’épaisseur. Cela se marque par-
ticulièrement à l’intersection du plan horizontal, qui est celui du sol, et du
plan vertical, qui est celui du mur, et, plus encore, à la ligne coupante de
la baie qui s’ouvre sur la campagne. Cette baie n’a pas l’air d’une porte ni
d’une fenêtre ; on dirait une ouverture découpée avec des ciseaux dans une
feuille de papier. Le défaut paraît mieux ici, à cause de la baie ouverte ;
mais il existe dans d’autres intérieurs de Mathieu Le Nain, même dans le
tableau des Joueurs de trictrac ou dans le Repas de famille : les murs se
coupent à arêtes trop vives et semblent sans épaisseur. Peut-être l’artiste,
que nous voyons dans l’admirable tableau de la Charrette et dans quelques
autres peintures du même genre. Mais Louis est le seul des trois frères qui
ait eu cette vision neuve et vraie de la campagne du Nord de la France. Pour
Mathieu, le paysage n’est qu’un fond, traité d'une façon conventionnelle; il
en est ainsi dans d’excellents ouvrages, la Fête du vin par exemple, et la
Leçon de danse.
Il n’est pas jusqu’à la manière assez répréhensible dont est figuré le mur
de la salle où sont réunis les Joueurs de dés qui ne puisse être tenue pour
JOUEURS DE DÉS, PAR MATHIEU LE NAIN
(Collection de M. Nieuhuys.)
une signature de Mathieu. Ce mur n'a pas d’épaisseur. Cela se marque par-
ticulièrement à l’intersection du plan horizontal, qui est celui du sol, et du
plan vertical, qui est celui du mur, et, plus encore, à la ligne coupante de
la baie qui s’ouvre sur la campagne. Cette baie n’a pas l’air d’une porte ni
d’une fenêtre ; on dirait une ouverture découpée avec des ciseaux dans une
feuille de papier. Le défaut paraît mieux ici, à cause de la baie ouverte ;
mais il existe dans d’autres intérieurs de Mathieu Le Nain, même dans le
tableau des Joueurs de trictrac ou dans le Repas de famille : les murs se
coupent à arêtes trop vives et semblent sans épaisseur. Peut-être l’artiste,