Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 7.1923)

LE PREMIER SALON DE HOUDON 5i

naturellement chauve et glabre dans Y Écorché, tandis que celle du Saint Jean
est chevelue et barbue.

Le petit modèle reconstitué à la Galerie Borghèse est-il la réduction exacte
de la grande statue si malheureusement détruite de Santa Maria degli Angeli?
Ce serait plutôt la pre-
mière pensée de l’artiste :
car on observe entre la
tête de l'exemplaire de
Rome et celle du Musée
de Gotha des différences
assez sensibles. Dans
l’exemplaire de Gotha, la
tête du saint est plus
inclinée : ce qui lui donne
une expression moins
énergique, plus senti-
mentale, presque rési-
gnée. Il est probable que
ce changement d’expres-
sion du visage avait en-
traîné des modifications
correspondantes dans
l’attitude de la statue.

Bien que la grande sta-
tue de Santa Maria degli
Angeli n'ait été détruite
qu’en 1894, on n’en
connaît aucune photogra-
phie, de sorte qu'il est
difficile de préciser ces
variantes. Tout ce qu’on
sait par des témoignages
faciles à recueillir, c’est
que saint Jean avait à
ses pieds l’Agneau mystique et tenait de la main gauche une croix1.

Nous avons vu que, d’après l’un des critiques du Salon de 1769, cette
statue de Saint Jean aurait rappelé aux amateurs le Christ de la Minerve que
Michel-Ange a représenté pareillement appuyé sur sa croix. Il est certain

Phot. Anderson.

: BRUNO, MARBRE, PAR HOUDON

(Eglise Sainte-Marie-des-Anges, Rome.)

1. Cette croix est parfaitement visible sur un des croquis de Gabriel de Saint-Aubin.