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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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Nr. 2
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Germain, Alphonse: L' ancien triptyque de Notre-Dame de Bourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0132

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Quant au peintre, son état civil reste enveloppé de mystère ; on n’a pas
encore mis la main sur un seul document écrit à son sujet. Pour le con-
naître quelque peu, il faut se contenter d’interroger son œuvre. Très proba-
blement a-t-elle été peinte à Bourg et l’on a vu qu’elle porte la date de 1523.
A cette époque, Jean Clouet vient de succéder à Bourdichon dans la charge
de valet de garde-robe extraordinaire de François Ier ; il est dans toute sa
force créatrice et va tracer quelques-unes de ses effigies les plus parlantes.
Beaucoup de nos provinces possèdent, comme Paris, des peintres bien
doués. Si Jean Cousin n’en est qu’à ses études de début, Cornelis de La
Haye a déjà des commandes. Nos artistes s’appliquent alors plus que jamais
à souligner les caractères individuels ; ils continuent dignement leurs aînés
qui, dès le milieu du xve siècle, témoignent d’un vif désir de rendre les phy-
sionomies avec exactitude.

Du diptyque peint par Fouquet pour Etienne Chevalier au Buisson ardent
de Froment et au triptyque de la cathédrale de Moulins, les figures les
mieux venues de presque tous les motifs inspirés par la religion, ne sont-
elles pas celles des donateurs? En sculpture, du Saint Jean l'Evangéliste de
Loches (Musée du Louvre) aux scènes taillées par Jean Soûlas pour le tour
du chœur de Chartres, la plupart des saints personnages ne sont-ils pas indi-
vidualisés avec un aussi grand souci de vérité que les images des rois et des
gisants ?

Au moment où François Ier commence de régner, on goûte infiniment le
portrait ; bientôt la mode va s’en répandre. Peintres et sculpteurs sont
entraînés tout naturellement à procéder en portraitistes jusque dans les
scènes qu'ils ont à composer. D’une extrémité à l’autre du pays, tous tentent
alors d’aller plus loin que la seule bonne représentation des traits ; la ressem-
blance plastique ne leur suffit plus, ils se voudraient — maintes œuvres
incitent à le croire — révélateurs d’individualités. Qualités bien françaises
d’ailleurs : vivifier l’art par une structure normale, loyale, intègre, des
formes a toujours été une des caractéristiques de nos artistes. Mais, au
moment qui nous occupe, nos interprètes de figures cherchent presque tous
leur voie en suivant avec attention, et très souvent en disciples, les résultats
obtenus en Italie ou dans les Flandres par les plus forts ou les plus habiles ;
quelques-uns même scrutent avec un égal intérêt les peintures de ces
différents pays, leur demandant mille éléments et tâchent de les combiner
sans choir dans le pastiche. Au groupe de ces derniers se rattache le peintre
de Notre-Dame de Bourg.

De quelle région venait-il, où avait-il été formé? Questions peu commodes
à résoudre. La Bresse, ce carrefour de routes importantes, était alors
sillonnée d'assez nombreux artistes ; il y en avait des pays nordiques et
 
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