Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 7.1877

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6810#0179
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
V VNNEK.

PARIS ET DEPARTEMENTS

CENTIMES LE NUMERO

U NOVEMBRE 1877

REDACTION

77, r. Neuv+de8~PHits-Cha>n).r-
PARIS

ABONNEMENTS

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Unan....*j..... 8 fr.

Six mois........ 4

Trois mois....... ~

ADRESSER

Lettres et Mandats à M. MAljltt,

directeur-gérant,
77, r. Neuve-des-Petits-Chamj.'3.

ADMINISTRATION

77, r. Neuve~des-Petits-€hamp$
PARIS

ABONNEMENTS

PAYS DEI/UNrON POSTALE

Un an....... fOfr. •

Six mois.... S »
Troie mois... 2 CJO
_

ANNONCES

1

Au bureau du Journal
et chez

M. BEAUDOIN, 9, p!. do ia Bourse.

LA SEMAINE

La langue française, il faut l'avouer, est
une langue singulièrement commode !

Elle se prête â tout avec une bienveillance
qui frise la bonacité.

Exemple :

Un de mes amis, jeune professeur de fran-
çais, qui va en ville â raison de deux francs
de l'heure, comme un simple fiacre, vient
passer quelquefois avec moi ses jours de
congé.

Il va sans dire que ce savant citoyen s'oc-
cupe de politique.

Qui est-ce qui ne s'eu occupe pas, à pré-
sent?
Hélas i

Mon cher, me dit-il, vous avez appris, non
sans plaisir, je pense, que nous allions avoir
un ministère d'affaires f

— J'en ai ouï parler.

— Ce n'est pas malheureux !

— Que nous ayons un ministère ?

— Oui. Et un ministère d'affaires.

— Sans doute ; et rien qu'à cette nouvelle,
je vous avoue que j'ai seuti mon cœur inondé
de la joie la plus pure. Seulement, il y a une
chose que je ne comprends pas trop et que,
sans doute, vous, jeune linguiste, habitué â
discuter les questions les plus ardues et à les
vider comme un lapin, vous allez m'cspli-
quer.

— De grand cœur.

— J'ai un peu oublié ma langue.

— Cela n'a rien d'étonnant. Us journa-
liste !

— C'est ce que je me dis tous les matins.
Donc, il me semblait, à moi, naïf, qu'un mi-
nistère 'devait toujours être un ministère
d'affaires.

— Evidemment. Mais il y a affaires et af-
faires.

— Que ce français est donc une belle lan-
gue!

— N'est-ce pas?

— Continuez.

— Il y a les affaires des autres, puis ses
affaires a soi, ses affaires personnelles, ce
qu'on appelle vulgairement ses petites af-
faires.

— Parfaitement.

— Or, puisqu'il y a deux espèces d'affaires,
il est assez naturel qu'il y ait deux espèces de
ministres.

— Attendez... j'y suis... ne bougeons plus.

— Je reste immobile. Allez-y !

— Nous devons donc avoir des ministres
qui s'occupent des affaires de l'Etat, des vôtres,
des miennes, de celles de ce monsieur qui
passe...

— Très-bien.

— Et que l'Etat, vous, moi et ce même
monsieur paient pour s'en occuper...

— C'est cela.

— Et d'autres ministres qui ne s'occupent
absolument que de toucher leurs appointe-
ments à la fin du mois...

— Ce qui est bien excusable ! »

— Certainement. Mais qui ne touchent ces
mêmes appointements que pour s'occuper de
leurs affaires à eux...

— Ou de celles de leurs amis.

— Et de leur parti.

— Ce qui revient au même.

— Sans souci du bien du pays, de leur
devoir...

— Vous y êtes.

— Je ne me savais pas tant d'intelligence!..

— Des manières, n'est-ce-pas.

— Non, parole... mais veuillez continuer â
rn'éclairer.

— A vos ordres.

— Si nous changeons de ministres, c'est
que ceux que nous avons eu le bonheur de
payer pendant six mois n'étaient pas à la hau-
teur de la situation, ce n'étaient pas des mi-
nistres d'affaires.

— Je vous demande pardon... seulement
ils appartenaient à la seconde catégorie.

— A ceux qui s'occupent de soigner leur
petit pot-au-feu...

— De caser leurs aimables parents...

— De préparer l'avènement du petit mo-
narque de leur choix...

— Enfin, de faire leurs affaires,. , à eux.

— Précisément.

— Yoyez pourtant, que de choses dans un
mot, et qu'on est heureux de savoir la gram-
maire !

— Ne m'en parlez pas !

— Alors, maintenant, nous allons nager
dans des eaux plus limpides avec les nouveaux
ministres d'affaires, auxquels on donne en ce
moment la dernière couche ?

— On l'espère.

— Nous aurons des gens qui, mangeant
l'argent de la République, ne feront pas tous
leurs efforts pour la flanquer dans le troisième
dessous ?

— Heu ! heu !...

— Ils ne supprimeront pas les journaux ?

— Pour ça! ..

— Ils balaieront tous les ratapoils dont les
préfectures sont empoisonnées?

— Ah dame!...

— Ils ne rétabliront pas ces mesures vexa-
toires qui faisaient le plus bel ornement de
l'empire ?

— Il se pourrait que... mais...

— Ils n'arrêteront pas les journalistes, ils
ne feront pas de la terreur blanche, ils prie-
ront Saint-G-enest de se taire, et Popaul de
fourrer son grand plumet dans sa poche ou de
s'en servir pour balayer ses articles?

— Je n'oserais affirmer...

— Enfin, ifs s'occuperont de la France, qui
veut la République, la paix, le repos, le tra-
vail et le lendemain assurés ?

— Ce serait peut-être aller un peu loin !...

— Non? alors il n'en faut pas, de votre
ministère d'affaires!... Nous ne voulons plus
de farceurs. . et nous le leur ferons bien voir,
entendez-vous !

— Vous êtes d'une violence l

— Nous choisirons nos ministres nous-
mêmes... et quand nous les aurons choisis...

— Eh bien?

— Il faudra qu'on les garde, je vous en
flanque mon billet!...

— Nous avons 400,000 soldats ! 20,000 gen-
darmes! 10,000 sergents de ville ! !

— Nous avons un petit morceau de papier
blanc ; nous déposons le petit morceau de pa-
pier blanc dans une boîte, et le tour est fait.

— Nous verrons.

— Vous verrez et tenez... parions que
c'est déjà vu !...

Nicolas FLAMMÈCHE.

L'ÉTRILLE

Pauvre esprit français,comme on te traque!..
Mon-seulemcnt on te punit de courir les rues,
mais on t'empêche de sortir.

Une impitoyable Censure arrête tous les pla-
carda, les chanson?, les dessins, — les dessins
surtout, — dans lesquels tu parais.

Les étrangers pouvant à leur aise écrire,
chanter et dessiner, ils t'éclipsent. Fautè de
pouvoir te faire éclater, nos écrivains, nos
chansonniers et nos caricaturistes passent pour
t'avoir perdu.

Cela nous navrait depuis longtemps, et nous
avons été fort hepreux d'apprendre que l'es-
prit français, banni de Franco, se retrouve,
non dans lo cœur des rois, mais en Belgique.

Un éditeur de Bruxelles vient en effet d'a-
voir l'idée de publier dans cette ville un petit
journal satirique hebdomadaire, intitulé :
l'Étrille.

L'Étrille est rédigée en français, et bien
qu'elle s'occupe de politique internationale,
elle aecepto de préférence des articles et des
dessins de journalistes et de caricaturistes
français, qui trouveront ainsi à produire la
verve que voudraient étouffer chez eux la cen-
sure et la correctionnelle.

Le prix d'abonnement à l'Étrille est fixé à
20 francs par an pour la France {envoi sons
enveloppe;.

On s'abonne dans les principales librairies
des gTandes villes d'Europe.

Pour notre part, nous nous chargerons bien
volontiers do faire parvenir à nos sympathi-
ques confrères le montant des abonnements
que l'on voudra bien faire parvenir pour eux
à notre Directeur.

ZIG-ZAGS

La. Dégringolade.

La situation du grrrand parti conserva-
teur peut tv, peindre d'un seul mot :

C'est la dégringolade.

Tout craque, tout lâche, tout s'effondre.

Ceux qui ne sont pas trop compromis pas-
sent sans tambour ni trompette au camp en-
nemi.

Ainsi ont fait le Constitutionnel et le Soleil,
après que ce dernier eut fait rire a gorge dé-
ployée 20 millions de Français en proposant
lu foiination d'un cabinet sérieux, satisfaisant la
gauche sans indisposer la droite!...

L'hypothèse de la démission, que naguère
on ne pouvait envisager, sans eneourir une
demi-douzaine de mois de.prison et de milliers
de francs d'amende, se discute aujourd'hui
couramment et s'impose de plus en plus.

Même les journaux les plus ordremoraïeux,
reconnaissent que l'on a été jusqu'au bout, et
qu'il est impossible maintenant que le gouver-
nement et toute son armée de fonctionnaires,
— loin d'être sans reproches et sans peur, —
ne fassent pas prochainement un plongeon su-
prême.

La, grâce de Canada.

Popaul crâne encore de temps en temps,
mais ee n'est que pour dissimuler son trac
épouvantable.

Ce roublard s'est même fait grâeier de ses
deux mois de prison, sachant bien que, pro-
chainement, il n'y aura plus de ministre de la
justice pour lui accorder des sursis indétermi-
nés.

Vaut conserver çà.

Seul Saint-Genest, qui, s'il n'a pas l'intelli-
gence du chien en a du moins la fidélité, refuse
d'admettre que le Maréchal puisse donner sa
démission.

U ne lui semble pas le moins du monde que
le scrutin du 14 octobre ait modifié en quoi
que ce soit la situation, et force la France à
changer quelque chose dans le gouvernement
que l'Europe parait lui envier de moins en
moins.

Maréchal, ministres, fonctionnaires, Répu-
blique, constitution, Chambre,Sénat et armée,
il faut conserver tout cela !...

On n'est pas plus conservateur !...

Mais si 1 on en croit la rumeur publique,
M. Saint-Genest est actuellement affecté d'une
de ces indispositions qui ne s'attrappent pas
en passant devant une colonne Rambutean_____

Ses remarquables instincts conservateurs le
poussent-ils à la garder aussi ?...

Lie budget.

L'organe de M. de Villemessant emboîte
tout entier le pas à son sous-officier.

Cette feuille des petites damée soutient la
politique de résistance à outrance,

Le vote du budget gène les ministres*..

Soit, qu'ils s'en passent !...

— M. de Bismarck a bien perçu le budget,
pendant quatre ans, sans l'approbation de la
Chambre des députés 1...

M. de Bismarck »... l'exemple est patriotique-
ment ehoisi !...

Puis quel joli raisonnement?...

De ee qu'il y a des voleurs et des assassins,
s*ensuit-il que tout le monde doive l'être ?

Il y a des gens à Cayenne et à Poissy, pour-
quoi ne proposez-vous pas aux gens de vottoe
parti d'y aller aussi ?...

Mais au fait, ils y vont tout seuls!..»

La. guillotine d'Accra.

T.e Péril social et VHydre de l'Anarchie ne
suffisant plus à faire trembler les bons bour-
geois, le Gaulois vient d'inventer quelque
chose de nouveau.

U a trouvé, — frémissez lecteurs t... — ohez
un menuisier, — brrr !... — de la ville d'Auch,
— brrr!... brrr!!... —une guillotine!... Brrrlll...
brrr !!!!... brrr!!!!!....

Eh bien!... quoi!... vous ne frémissez pas?...
Mais vous n'avez donc pas entendu?... Une
GUIL-LOT-TI-NE!tl...

Mais vous ne frémissez pas encore, et, Dieu
me pardonne, vous chantez même, en plai-
santant, ce fait sinistre, sur l'air d'un vieux
Pont-Neuf :

On a trouvé.

Pan, pan, pan, pan,
Dana la bonne ville d'Auch,

Pan, pan, pan, pan,

Une guillotine,

Pan, pan, pan, pan,
parfait'ment aiguisée,

Pan, pan, pan, pan, etc.

Ah!... que Saint-Genest a bien raison de
dire qu'un pays où l'on rit d'aussi sombres
pronostics est un pays perdu!...

Grévy muet.

— Oui, — disent les bons partisans du bout,
qui touchent à eelui de leurs sottises, — il est
revenu, votre Grévy. Eh bien!... il ne dit rien,
il ne parle pas !... Il n'est pas seulement ora-
teur!... En voilà un beau président qui n'est
pas orateur !...

Si M. Grévy, qui a prouvé en plusieurs cir-
constances qu'il est orateur, avait fait plusieurs
discours, publié un manifeste, nous aurions
entendu une bien autre antienne :

En voilà un phraseur, un avocassier, un ja-
casseur, un ambitieux! Ah! bien non!... il
n'en faut plus à la France, de phraseurs, de-
jacasseurs, d'ambitieux !...

a Carpe » ou a Pipelette s, le futur président
de la République ne pouvait pas être qualifié
autrement par les partisans du Maréchal, j'en
étais sûr d'avance !,..

Rrrr'an!!»

L'Assemblée Nationale, qui attache naïvement
une grande importance aux bruits de minis-
tères plus ou moins pouilleux, alors qu'il en
faut un qui opère sans quartier, a l'air de nous
dévoiler le secret de Polichinelle, en nous ap-
prenant que :

a Une entrevue, dont Pimportanee n'ôehap-
« pera a personne, a eu lieu, à l'Elysée, entre
« le maréehal Canrobert et le Maréchal-Puétei-
« dent. »

J'avoue que Pimportanee de cette visite n*é-
ehappe complètement.

A moins que M. Canrobert ait apporté ait
Maréchal un exemplaire de l'Histoire «Pttn
Crimef...

Mais c'est peu probable.

Enfin !!...

On nous annonce que M. de Gontaut-Baoa
vient de donner sa démission d'ambassaderar à
Berlin.

On n'a pas oublié que ee Monsieur patriote a
marié sa fille avec un Prussien... non pas
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen