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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 7.1877

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https://doi.org/10.11588/diglit.6810#0148
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7m" ANNEE. —

Ne 336

PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LF NUMERO

16 SEPTEMRRE 1877

REDACTION
"77, r. Neuve~de$-Petits-Champs
PARIS

ABONNEMENTS

'PARIS ET DÉPARTEMENTS

Un an........... 8 fr.

Six mois........ 4

Trois mois....... 2

ADRESSER

■Lettres et Mandats à M. Madré,

directeur-gérant,
"57, r. Neuve-destPetits-Champs.

ADMINISTRATION

77, r. Neuve-des-Petita-Champt

PARIS

ABONNEMENTS

PATS DE L'UNION POSTALE

Un an....... 4 O fr. »

Six mois.... S » *
Trois mois... 2 50

ANNONCES

Au bureau du Journal
et cher

M. BEAUDOIN, 9, pl. de la Bonne.

Nous paraissons encore une fois sans dessin. C'est toujours de la faute d'Anastasie. Elle ne laisse absolument publier que les
choses qui lui plaisent. Par un malheureux hasard, elles se trouvent toujours déplaire horriblement à nous et au public. L'absence
de dessin se renouvellera donc probablement plusieurs fois jusqu'au 14 Octobre, et peut-être après encore, hélas !... car, depuis
sept ans, nous avons pu nous en apercevoir : LES MINISTÈRES CHANGENT, MAIS LA CENSURE RESTE.

ul de Gassagnac crevait

L'article qui suit ne date pas d'hier.

Nous l'avions écrit il y a plusieurs années, en
prévision <te la mort probable de l'adversaire de
Clémenceau.

Malheureusement, nos prévisions ne s'étant pas
réalisées, notre prose nous était restée pour compte,
et nous désespérions de jamais nous en servir.

Mais Popaul, qui est un ange de bonté, nous en
fournit l'occasion. Avec sa modestie ordinaire, il
Se compare à M. Thiers, et demande au peuple
français ce qu'il ferait, si lui, Canada, rendait son
ôme au diable. £1 ne suppose pas que les républi-
cains prendraient le deuil. En ce qui nous con-
cerne, il a raison ; nous proposerons toujours de
l'enfouir dans sa prose.

D'ailleurs notre article est une réponse toute
trouvée, bien qu'il puisse paraître un peu pâle et
Hiodèré à côté des articles de Canada sur M. Thiers.
Ce qui devait se passer alors se passerait vraisem-
blablement aujourd'hui et dans un avenir quel-
conque.

Que Canada soit donc satisfait ; qu'il plonge un
regard dans le ténébreux avenir, dont nous éclai-
rons aujourd'hui un coin, et qu'il se donne le plai-
sir d'assister à ses propres (?) funérailles.

UNE BONNE NOUVELLE

Cette fois-ci, ça y est.

Popaul, dit Canada, vient d'avaler son bambou.
Voici comment cela s'est passé.

Il avait appris qu'un citoyen C... était aussi fort à l'épée
lue Janvier de la Motte sur les virements.

Avec cette folle bravoure qui fut toujours un des traits du
caractère du héros du Gers, il s'en alla provoquer le citoyen
G... en en recevant unegiffle.

Sur le terrain, il montra encore la môme témérité : il
Choisit l'épée la plus lourde. Il est vrai qu'elle avait vingt
^ntimètres de plus que l'autre, mais il ne s'en était pas
*Perçu.

Les fers se croisèrent, Canada rompit trois fois.

Il roulait des yeux comme des boules de loto, et il faisait à
8°U adversaire les plus horribles grimaces pour l'effrayer.

Mais l'autre, même enfant, n'avait jamais eu peur de Cro-
"toemitaine, il continuait à jouer serré.

Soudain, il se fendit à fond sur un coup de quarte, et la
^°inte de sa colichemarde sortit dans le dos de Popaul, pour
v°ir s'il avait un fond à son pantalon.

— Oh ! fit Canada, il triche aux quartes !
Ce fut son dernier mot.

Nous proposons de le vendre six sous au Figaro pour lui
élever un monument.

Puis, il gigota un peu sur l'herbe, comme une grenouille à
qui on vient de couper le cou...

Il fit couac !... couac !...

— Et puis couic!..
Et ce fut tout.

La comédie était finie.

La Joie générale.

On rapporta Monsieur de Paul de Cassagnac du Gers de
Canada dans un wagon de salaisons, où on le fit passer en
fraude. Il est arrivé à Paris ce matin.

La nouvelle de sa mort cause généralement une excellente
impression.

Partout on entend dire :

— Eh bien, ça y est, Canada a cassé sa canne!

— Il ne l'a pas volé, il a assez menacé les autres d e les
éventrer, ce n'est pas malheureux qu'il ait enfin trouvé
quelqu'un qui lui fasse une crevasse à l'estomac pour le
forcer à remercier son boulanger !...

Les plus polis disent :

— Il a tourné de l'œil.... Si vous saviez comme cela
m'est égal !...

Un de nos confrères du matin se propose de faire un article
commençant ainsi :

— « Nous avons le plaisir d'annoncer à nos lecteurs la
mort du jeune Paul de Cassagnac..., etc.

On nous affirme que Veuillot lui-même ne verse pas de
larmes sur le triste sort du rédacteur du Pays.

Il prépare, nous assure-t-on, un grand article, disant
que « celui qui se servait de l'épée vient de périr par l'épée. »

C'est pourquoi, probablement il ne se sert jamais d'armes
blanches, et ne se bat avec ses adversaires qu'à coups de
dictionnaire de Vadé.

C'est bien sûr, au moins !

Le corps est exposé dans la salle de danse du Vieux-Chêne}
et une foule, sans cesse renouvelée, vient danser le pas du
renard incestueux autour de ce machabée réjouissant.

On l'a embaumé, non pour le conserver, mais pour être
sûr qu'il est bien mort.

— Que diable, dit l'empailleur à qui on avait confié cette
opération, en le vidant comme un lapin, nous lui donnerons
bien le coup S!idem /...

Les funérailles.

Pour les obsèques, cela doit se faire richement.
Voici ce que nous proposons, et qui, d'ailleurs, parait
devoir être adopté.

On opérera de nuit, pour éviter une trop grande afïluence.

La Compagnie des pompes funèbres cédera pour la cir-
constance ses droits à Lesage et Cie, ce qui fera émettre ce
nouveau proverbe :

— Lesage enterre le fou.

Le cortège sera des plus riches :

Six forts chevaux tireront le haquet funéraire, orné de
quatre tinettes surmontées de crêpes, entouré de croque-
morts nocturnes, marchant avec pompe et tenant des tuyaux
servant de cordons du poêle. En tête, des lanternes de cou*
leurs variées.

Suivront plusieurs autres voitures de deuil, d'une forme
bizarre. Ces grands chars gémiront dans le silence de la
nuit.

A droite et à gauche, marcheront deux longues files
d'hommes à mines patibulaires et à gourdins énormes, avec
une bannière ornée d'un chausson de lisière.

Ce seront les exilés de Poissy. Il faudra absolument leur
obtenir un congé pour la circonstance.

Ils porteront tous des violettes s'ils le veulent: on ne les
sentira pas.

Quelques républicains les accompagneront à la Villette,
pour être bien surs qu'ils déposeront là Canada dans un milieu
convenable.

C'est ce qui se fera.

Le haquet basculera. Le corps tombera dans la fosse com-
mune, qui se refermera sur lui avec un sourd gémissement.

Après quelques paroles, vigoureusement senties, qu'un
exilé prononcera sur la tombe, tout le monde s'en reviendra
content, laissant Canada dormir tranquillement de son der-
nier sommeil.

Le deuil public cessera alors, les boutiques qui étaient fer-
mées s'ouvriront, et le ciel lui-même, qui s'était obscurci
commencera à se teindre des premiers feux de l'aurore.
. . . . •..............s.

Le lendemain, les marchands de vin de la Villette verront
venir leur demander du vin et du fromage, des gaillards à
moustaches et à gourdins d'égales longueurs.

Ils feront bien de surveiller leurs tiroirs, car sûrement
quelques-uns seront forcés.

C'est même là le seul fait regrettable que puisse produire la
mort de Canada.
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