Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres (3.1765)

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138 HISTOIRE
d’£tre fäcbe de ie voir forcd de lui nuire,
plus il redouble ses periccutions; quelle eil·
donc cette clemence & cette mansueiude qui
produisent les m£mes effets que la haine la
plus envenimee & la rage la plus sorre?
L’Auteur de la Vie de Plutarque n’a-t-il pas
„raison de direp : Voilä un lang froid qui
,,fait bien tout ce que Ton pourroit attendre
5,de la fureur la plus marquee? Plutarque
,,croyoit qu’on pouvoit chätier sans aucun
„mouvement de colere ; mais je ne sai pas
„si l’on ne trouvera pas que sa bonte & ibn
,,humanite devoient soushir d’assister lui-
„m£me ä cette punition, & de la faire con-
„tinuer avec ce doux acharnemenr qui n’est
,peut-Ctre pas moins blamable qu’un exc£s
J5decol6re.„
Epiöete, le plus sage des Philosophes
apr£s Socrate, & qui vivoit dans le mime
tems que Plutarque, pensoit bien disserem-
ment de lui. II vaut tnieux, dit-il10, dans
son Manuel, le plus excellent Ouvrage mo-
ral que l’Antiquite nous ait laisib aprcs les
Offices de Ciceron, que ton Valet foit ine-
chant, que ß tu te rendois meprifable » .· ·
„Peut-

9 Vie de Plutarque par Dacier, pag. 54.