664 DE LA CONSTITUTION PHYSIQUE
SECTION I.re
Description minéralogique d'une petite vallée de la Thébaïde, dans
laquelle on exploite le Carbonate de soude.
CHAPITRE PREMIER.
Constitution de la Vallée.
JlLn remontant dans la Thébaïde jusqu'à cinq lieues au sud d'Esné, on rencontre,
sur la rive droite du Nil, l'embouchure d'une vallée qui n'est marquée sur aucune
carte. La chaîne Arabique, qui, au-dessus et au-dessous, borde le fleuve de fort
près, présente un enfoncement demi-circulaire dans lequel se trouvent un petit
village et quelques terres cultivées. Plusieurs petits lacs de natron que renferme
cette vallée, lui donnent une certaine importance dans le pays. Ce fait nous étoit
resté inconnu dans le cours du voyage que nous avions entrepris pour nous rendre
aux confins de l'Egypte; et, dans notre retour de Syène vers Thèbes, nous avions
déjà, dépassé ce point, lorsque, sur les indications de quelques habitans d'Esné qui
font le commerce de natron, nous nous décidâmes à retourner sur nos pas, MM. Gi-
rard, Devilliers, Duchanoy, ingénieurs des ponts et chaussées, et les ingénieurs des
mines Descostils, Dupuis et moi, pour constater la vérité des faits qui nous étoient
indiqués: cette recherche m'a fourni quelques observations géologiques que je rap-
porterai également ici.
S- Ier
Couches de Grès.
C'est un peu au nord de cette vallée, et sur la même rive, que l'on commence
à trouver le gisement de l'espèce particulière de grès qui a été employée par les
Égyptiens à la construction des édifices de la Thébaïde; et c'est dans son embou-
chure que nous avons eu la facilité de l'examiner plus particulièrement. Les couches
supérieures de la montagne sont en partie formées de ce grès. Il alterne avec les
couches d'une argile grise qui approche, quant à l'aspect, de celle qu'on exploite à
Syène et dont on fabrique des pipes et des creusets dans presque toute l'Egypte ;
mais il ne paroît pas que celle-ci ait jamais été l'objet d aucune exploitation : il
est à présumer qu'on l'aura trouvée inférieure pour l'usage à celle de Syène ; elle
est en effet moins pure et doit être mélangée de parties calcaires.
Quant aux couches degrés, les Égyptiens ne les ont pas entièrement négligées,
comme l'attestent plusieurs vestiges d'anciennes carrières : cependant, malgré les
SECTION I.re
Description minéralogique d'une petite vallée de la Thébaïde, dans
laquelle on exploite le Carbonate de soude.
CHAPITRE PREMIER.
Constitution de la Vallée.
JlLn remontant dans la Thébaïde jusqu'à cinq lieues au sud d'Esné, on rencontre,
sur la rive droite du Nil, l'embouchure d'une vallée qui n'est marquée sur aucune
carte. La chaîne Arabique, qui, au-dessus et au-dessous, borde le fleuve de fort
près, présente un enfoncement demi-circulaire dans lequel se trouvent un petit
village et quelques terres cultivées. Plusieurs petits lacs de natron que renferme
cette vallée, lui donnent une certaine importance dans le pays. Ce fait nous étoit
resté inconnu dans le cours du voyage que nous avions entrepris pour nous rendre
aux confins de l'Egypte; et, dans notre retour de Syène vers Thèbes, nous avions
déjà, dépassé ce point, lorsque, sur les indications de quelques habitans d'Esné qui
font le commerce de natron, nous nous décidâmes à retourner sur nos pas, MM. Gi-
rard, Devilliers, Duchanoy, ingénieurs des ponts et chaussées, et les ingénieurs des
mines Descostils, Dupuis et moi, pour constater la vérité des faits qui nous étoient
indiqués: cette recherche m'a fourni quelques observations géologiques que je rap-
porterai également ici.
S- Ier
Couches de Grès.
C'est un peu au nord de cette vallée, et sur la même rive, que l'on commence
à trouver le gisement de l'espèce particulière de grès qui a été employée par les
Égyptiens à la construction des édifices de la Thébaïde; et c'est dans son embou-
chure que nous avons eu la facilité de l'examiner plus particulièrement. Les couches
supérieures de la montagne sont en partie formées de ce grès. Il alterne avec les
couches d'une argile grise qui approche, quant à l'aspect, de celle qu'on exploite à
Syène et dont on fabrique des pipes et des creusets dans presque toute l'Egypte ;
mais il ne paroît pas que celle-ci ait jamais été l'objet d aucune exploitation : il
est à présumer qu'on l'aura trouvée inférieure pour l'usage à celle de Syène ; elle
est en effet moins pure et doit être mélangée de parties calcaires.
Quant aux couches degrés, les Égyptiens ne les ont pas entièrement négligées,
comme l'attestent plusieurs vestiges d'anciennes carrières : cependant, malgré les