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Lafond, Paul; Bosch, Hieronymus [Ill.]
Hieronymus Bosch: son art, son influence, ses disciples — Paris, 1914

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https://doi.org/10.11588/diglit.26139#0244
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inspirer la répulsion, en donner l’horreur. Ce sentiment est d’ailleurs dans le
caractère et la mentalité de son temps. L’enseignement par l’image, comme
l’on dirait aujourd’hui, a toujours été une des préoccupations du Moyen âge,
témoin les sculptures de ses vieilles cathédrales.

Alors que la peinture ne traitait presque exclusivement que des sujets
religieux, le maître, un des premiers, a emprunté un certain nombre de motifs de
ses compositions à la vie réelle, populaire, populacière même. La plupart de
celles-ci sont disparues, n’existent plus. Trois tableaux au moins qui peuvent être
rattachés à cette série — incontestablement de sa main — sont arrivés jusqu’à nous.
C’est peu, néanmoins suffisant pour le faire connaître sous ce nouvel aspect où,
hâtons-nous de le dire, il ne se montre pas inférieur, loin de là. Ces trois tableaux
sont : La Cure de la folie, connue également sous le titre de XOpération de la
pierre de tète ; F Enfant prodigue et le Charlatan.

La Cure de la folie, restituée à Jérôme Bosch par M. H. Hymans (i), point
de départ de tous les A rr acheter s de dents et de Marchands d'orviétan si communs
chez les peintres des Pays-Bas, se trouve à Madrid, au musée du Prado, cata-
loguée dans les inconnus de l’Ecole hollandaise du XVe siècle. Elle provient de la
quinta des ducs d’Arcos. Peinte sur un panneau, de forme ovale de om49 de
hauteur sur oABç de largeur, parqueté sur un autre plus grand, elle présente en
haut et en bas, sur fond noir, l’inscription en lettres gothiques dorées que voici :

Meester snijt die keye ras
Myne name js bibbert Das (2).

La composition, par extraordinaire, des plus simples, des plus condensées
— sans doute de la jeunesse du peintre — figure, au milieu d’une large plaine
brabançonne, un chirurgien de village, coiffé d’un entonnoir sur le sommet du
crâne, se préparant, à l’aide d’un formidable bistouri, à inciser la tête d’un
malheureux vieillard, les traits contractés par la terreur, assis devant lui auprès
d’une sorte de guéridon ; en face du patient et de l’opérateur se tiennent un vieux
prêtre bedonnant avec dans les mains un pot d’étain renfermant sans doute un
cordial et une vieille femme appuyée sur la table ronde, le codex du médecin posé
sur sa coiffe.

La peinture, ferme et délicate à la fois, d’un modelé précis et fin* est

(1) H. Hymans. Le Musée de Madrid. Ouv. cit., Gazette des Beaux-Arts, Paris, IIIe période,
tome X. — Pedro de Madrazo. Catalogo de los cuadros del Museo del Prado de Madrid, Madrid, 1900.
Ouv. cit., N° 1860, D. p. 332.

(2) Ce qui peut se traduire : Maître, opérez-moi prestement du caillou, Mon nom est bibbert Das. —
Opérer quelqu’un du caillou signifiait du temps de Jérôme Bosch: mettre quelqu’un à la raison. Bibbert
Das ne serait-ce pas le Grimbert Das (le Blaireau) du Reinaert de Vos, le roman du Renard ? — Voir : J. F.
Willems. Reinaert de Vos. Gand, i836. — Traduction et note communiquées par M. van Puyvelde.

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