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LeVieil, Pierre
L' art de la peinture sur verre et de la vitrerie — Paris, 1774 [Cicognara, 230]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8249#0040
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Emploi de
la couleur
noire.

jRecuissbn
du Verre
peint.

Quantité
d'Ouvriers
dont devoit
être fourni
l'attelier des
anciensPein-
tres fur ver-
re.

a* L'A RT DE LA
ou autre bois dur , dont on srappoit les
contours de la pièce de verre tracée, elle
se détachoit du fond sur lequel elle l'avoit
été (a). S'il restoit dans ses contours quelque
partie superflue ; car on pouvoit lui donner
quelquefois trop d'étendue, ne sût-ce que
par l'épaiiTeur du trait ; on ajustoit alors sur
le sécond carton la pièce taillée, de manière
qu'elle fût toujours en dedans du trait, pour
laisser la place du cœur du plomb dans lequel
elle devoit être agencée. On employoit,
pour enlever ce superflu , une espece de
pince ou des grisfes de fer, ou, comme
nous l'appelions à présent, un gresoire ou égri-
soir.Les petites dents,que laissoient sur le bord
des pièces coupées les écailles de verre enle-
vées par cet outil, entroient elles - mêmes
dans la solidité de l'ouvrage ; car chasïées
avec un petit maillet de buis ou de plomb
contre le cœur du plomb avec lequel on les
joignoit, elles l'effleuroient de très-près, &
ainsi retenues des deux côtés, elles consoli-
doient l'ensemble du verre & du plomb sur
lequel elles ne pouvoient glilTer.
Toutes les pièces ainsi coupées & groisées
dévoient être exactement rapportées dans
leur rang sur le troisieme carton. Alors le
Peintre y traçoit avec la couleur noire les
traits des membres & les hachures des plis
des draperies. Lorsque ces traits étoient
secs, on levoit toutes les pièces d'un pan-
neau de rang : on les étendoit dans le même
ordre dans la poêle à recuire sur un ou
plusieurs lits de chaux en poudre ou de
plâtre bien recuit & tamisé, pour y par-
îbndre, par la recuisson, la couleur noire
qu'on y avoit employée. Après la recuisson,
lorsque ces pièces avoient atteint un jufte
degré de resroidilTement, on les retiroit de la
poêle dans le même ordre qu'elles y avoient
été placées, pour les disposer de nouveau
sur le troisieme carton & les donner à ceux
qui étoient chargés de les joindre avec le
plomb, pour en saire des panneaux.
On peut sur ce plan se figurer que l'attelier
d'un Peintre sur verre , de ces premiers temps
sur-tout, devoit être sourni d'un grand nom-
bre de disférents Ouvriers. Je ne parle ici
que des Vitriers ; car fi le Peintre sur
verre exploitoit lui-même une Verrerie pour
ses verres de couleurs, la quantité d'Ouvriers
qu'il employoit devoit être bien plus confi-
dérable. Pour s'en convaincre il ne faut que

PEINTURE
considérer un panneau de Peinture sur verre
des 12 & 13e. siecles, où la quantité de
pièces qui le composent est. presqu'innom-
brable , & où il s'en trouve d'une si petite
étendue qu'on peut à grande peine la tenir
avec les doigts.
Il salloit dans cet attelier des Desslnateurs
& des Peintres pour arrêter & colorier les
cartons, des Découpeurs de carton ôc de Leurs sonc-;
verre, des Groiseurs, des Broyeurs de noir, tlons'
des Peintres sur verre pour y peindre les
traits , des Recuiseurs , des Fondeurs de
plomb & de soudure dont il entroit une
grande quantité dans ces ouvrages, des Ra-
boteurs de plomb pour le resendre des deux
côtés ôt le mettre en état de recevoir les
pièces de verre (a). Il eft certain que les Met-
teurs en plomb, c'eft-à-dire ceux qui étoient
chargés d'agencer ôt de joindre avec le
plomb les pièces qui sormoient l'ensemble
des panneaux, arrêtoient leur ouvrage avec
la soudure à sur & à mesure qu'ils en assem-
bloient les pièces : mais je pense que, pour
accélérer l'ouvrage, il y avoit d'autres Ou-
vriers employés à sonder sur le revers, les
panneaux que les Metteurs en plomb ve-
noient de sinir. Ce sont ceux que j'appelle
des Contre -soudeurs. Il salloit encore des
Poseurs ôc des Relieurs en plâtre ou mortier
quand l'ouvrage étoit en place.
L'intelligence admirable que l'œil du
Maître Ôc des Inspetteurs ou Appareilleurs
entretenoit dans ces atteliers , rendit cet célérité
ouvrage moins pénible & plus aisé à se aveclaquel-
produire sréquemment Si c'eft quelque chofe S^f"'
de prodigieux que la quantité d'Eglises Cà- verre tra-
thédrales , Abbayes , Collégiales , Paroisïes vaiU°iei»-
même de Village, qui, sans sortir de notre
France, surent vitrées de cette manière
dans les 12e. & 13e. siecles , ôt qui étoient
si percées de fenêtres que fouvent les vitres
l'emportoient en étendue sur le corps du
bâtiment; combien doitparoître étonnante la
célérité avec laquelle ces fortes d'entreprifes
s'exécutoient ! On ne peut retenir sa furprise
quand on lit que l'Eglise de la Sainte Chapelle
de Paris , commencée en 1242, sut achevée
en 124.7 ôc fe trouva clofe ôc en état d'être
dédiée au mois d'Avril 1248.....Entrons
dans quelque détail fur les vitres peintes
de ces deux fiecles, ôc continuons jufqu'au
nôtre, l'hiftoire des progrès ôc des révolu-
tions de la Peinture fur verre.

(a) Voyei sur les caufes & le succès de cette opé-
ration , les Leçons de Phyfîque Expérimentale de M.
l'Abbé Nollet, Tarn. IV. Leç. XIV. f. 349.

( a ) On n'avoit pas alors la connoiflànce du Tire~
plomb, dont il fera parlé dans l'Art de la Vitrerie,
 
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