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https://doi.org/10.11588/diglit.8249#0051
SUR VERRE. I. Partie.
33
CHAPITRE XII.
Peintres sur Verre qui se dijîinguereni au XVe. Jiecle.
Causes de
la difficulté
de connoître
les noms des
Peintres sur
verre des
premiers fie-
cles de cet
Art.
S'il eft certain , comme on ne peut en
douter, que nos pères cultivèrent l'Art de
Peindre avec plus d'application que les
autres nations, il est auffi certain que le
verre sut le fond principal fur lequel ils
l'exercèrent le premier Ôr par préférence.
On peut en juger par ces anciens monu-
ments de Peinture sur verre du douzième
& du treizième fiecles, en les confidérant
comme antérieurs de plus d'un fiecle aux
efforts de Cimabué dans Florence.
Si d un autre côté on demande pourquoi
les noms des Peintres Vitriers des premiers
fiecles de cet Art ne font pas confignés
dans nos saftes, je répondrai d'abord que
les hommes ne sont accoutumés à louer
que ce qui eft plus rare ; qu'ainfi les Peintres
Vitriers de ces temps ôc leurs ouvrages étant
répandus avec une étendue prodigieufe, nos
Hiftoriens ne s'emprefferent pas à nous con-
server les noms de ces anciens Artiftes, qui
de leur côté laiffoient à leurs defcendants le
foin d'étendre leur renommée par une ému-
lation qui les conduiroit à les furpafTer en
capacité. »
Quant au peu de soin que ces anciens
Artiftes prenoif.nt de marquer leurs ouvra-
ges de leurs ne:* Dom Montsaucon nous
apprend (a), que non-feulement l'ufage de
mettre son nom fur ses ouvrages n'étoit
pas établi parmi les Artiftes de la haute
antiquité, mais encore qu'il n'étoit pas libre
aux Architectes de ces premiers temps de
mettre le leur à leurs travaux, ôc que ceux
qui les remplacèrent par la suite , ne paru-
rent pas sort curieux d'interrompre cet
ufage.
Je remarquerai avec Florent le Comte
( b ), par rapport aux Peintres & Graveurs
de ces temps, qu'il appelle les vieux Maîtres,
qu'ils fe contentoient ( si l'on en excepte
Albert Durer qui mettoit son nom, quel-
quesois même son portrait, sur ses tableaux
ôc sur ses estampes ), d'apposer certains carac-
tères ou certaines marques fur leurs pro-
ductions, qu'il explique ôc qu'il indique sort
au long ; que d'autres, comme on voit dans
certains ouvrages de Peinture fur verre des
meilleurs temps, y mettoient feulement le
chronogramme de l'année dans laquelle ils
(a) Diarii Italici, p. $8.
(b) Cabinet d'Architeaure, tom. j.s. téo 8c fuiv.
Peint, sur Verre. I. Pan,
avoient été saits, quelquesois ôc ces mar-
ques & ce chissre (a).
Ensin la haute réputation d'habileté dans
leur Art, que les Peintres sur verre du
quinzième siecle ôc du fuivant avoient ac-
quife, leur paroiflbit fufsifante. Ils ne s'oc-
cupoient qu'à la maintenir par de nouveaux
progrès, & laiffoient à leurs admirateurs le
foin de faire pasfer leur nom à la poftérité.
Aucun François avant Félibien n'avoit
entrepris d'écrire fur la Vie ôc les Ouvrages
des meilleurs Peintres de fa nation ; encore
dit-il peu de chofes & comme en paffant des
meilleurs Peintres fur verre ; en quoi il a
été imité par MM. de Piles & d'Argenville.
Les Flamands , dont la rivalité envers
les François fe foutint long - temps dans
l'Art de la Peinture fur verre , & qui comme
nous sont actuellement réduits à la plus
grande difette de ces Artiftes , ont été plus
curieux de nous transmettre les noms de
ceux qui s'y font le plus diftingués.
C'est dans l'efprit d'un grand attachement;
pour fon Art ôc pour les plus célèbres de
ses compatriotes , en quelque manière de
peindre qu'ils fe foient exercés, que mar-
chant sur les traces des Carie-Van-Mander,
des Houbraeken, desWeyermans & des Van-
Gool, M. Defcamps, Flamand d'origine ,
Peintre du Roi, membre de l'Académie
Royale de Peinture ôc de Sculpture, ôcc,
ProsesTeur de l'Ecole du desfin de la Capi-
tale de Normandie, a donné à la France un
livre qui lui manquoit sur la Vie des meil-
leurs Peintres Flamands, Allemands ôc Hol-
landois ( b ).
Dans le dessein où nous sommes, à mefure
que nous examinons l'état de la Peinture fur
verre dans fes disférents fiecles, de saire
connoître ceux qui se font le plus distin-
gués dans cet Art, tant en France qu'en
(a) On en voit un exemple remarquable dans les quatre
vitreaux du bas côté droit de l'Eglise Paroiffiale de Saint
Hippolyte à Paris, près l'hôtel royal des Gobelins, que
le Brun ôc Mignard ne pouvoient fe laiier d'admirer poui>
la correction du deisein ôç la beauté du coloris, toutes
les fois que leur inspection sur les manusa£Uires royales
de tapisseries qui y font établies, les y appelloit. Ces qua-,
tre vitreaux qui portent le chronogramme 1561 , con^
tiennent aussi dans les srifes dont ils font ornés ces let-
tres initiales, i. H. L. M. , M. Y. i. H., A. T. H,
S. i. V., ôc d'autres qui sont mutilées.
(b) Cet Ouvrage en 4 vol. in-8°., a paru en 17^3,
'754 ï 1760 ôc 1763, à Paris chez Jombert, rue Dau-
phine , Vcsaint , Saillant, Pijfot ÔCc. ; ôc en 1769 il
y a ajouté un Voyage pittorelquc de la Flandre & dii
Brabant,
l
33
CHAPITRE XII.
Peintres sur Verre qui se dijîinguereni au XVe. Jiecle.
Causes de
la difficulté
de connoître
les noms des
Peintres sur
verre des
premiers fie-
cles de cet
Art.
S'il eft certain , comme on ne peut en
douter, que nos pères cultivèrent l'Art de
Peindre avec plus d'application que les
autres nations, il est auffi certain que le
verre sut le fond principal fur lequel ils
l'exercèrent le premier Ôr par préférence.
On peut en juger par ces anciens monu-
ments de Peinture sur verre du douzième
& du treizième fiecles, en les confidérant
comme antérieurs de plus d'un fiecle aux
efforts de Cimabué dans Florence.
Si d un autre côté on demande pourquoi
les noms des Peintres Vitriers des premiers
fiecles de cet Art ne font pas confignés
dans nos saftes, je répondrai d'abord que
les hommes ne sont accoutumés à louer
que ce qui eft plus rare ; qu'ainfi les Peintres
Vitriers de ces temps ôc leurs ouvrages étant
répandus avec une étendue prodigieufe, nos
Hiftoriens ne s'emprefferent pas à nous con-
server les noms de ces anciens Artiftes, qui
de leur côté laiffoient à leurs defcendants le
foin d'étendre leur renommée par une ému-
lation qui les conduiroit à les furpafTer en
capacité. »
Quant au peu de soin que ces anciens
Artiftes prenoif.nt de marquer leurs ouvra-
ges de leurs ne:* Dom Montsaucon nous
apprend (a), que non-feulement l'ufage de
mettre son nom fur ses ouvrages n'étoit
pas établi parmi les Artiftes de la haute
antiquité, mais encore qu'il n'étoit pas libre
aux Architectes de ces premiers temps de
mettre le leur à leurs travaux, ôc que ceux
qui les remplacèrent par la suite , ne paru-
rent pas sort curieux d'interrompre cet
ufage.
Je remarquerai avec Florent le Comte
( b ), par rapport aux Peintres & Graveurs
de ces temps, qu'il appelle les vieux Maîtres,
qu'ils fe contentoient ( si l'on en excepte
Albert Durer qui mettoit son nom, quel-
quesois même son portrait, sur ses tableaux
ôc sur ses estampes ), d'apposer certains carac-
tères ou certaines marques fur leurs pro-
ductions, qu'il explique ôc qu'il indique sort
au long ; que d'autres, comme on voit dans
certains ouvrages de Peinture fur verre des
meilleurs temps, y mettoient feulement le
chronogramme de l'année dans laquelle ils
(a) Diarii Italici, p. $8.
(b) Cabinet d'Architeaure, tom. j.s. téo 8c fuiv.
Peint, sur Verre. I. Pan,
avoient été saits, quelquesois ôc ces mar-
ques & ce chissre (a).
Ensin la haute réputation d'habileté dans
leur Art, que les Peintres sur verre du
quinzième siecle ôc du fuivant avoient ac-
quife, leur paroiflbit fufsifante. Ils ne s'oc-
cupoient qu'à la maintenir par de nouveaux
progrès, & laiffoient à leurs admirateurs le
foin de faire pasfer leur nom à la poftérité.
Aucun François avant Félibien n'avoit
entrepris d'écrire fur la Vie ôc les Ouvrages
des meilleurs Peintres de fa nation ; encore
dit-il peu de chofes & comme en paffant des
meilleurs Peintres fur verre ; en quoi il a
été imité par MM. de Piles & d'Argenville.
Les Flamands , dont la rivalité envers
les François fe foutint long - temps dans
l'Art de la Peinture fur verre , & qui comme
nous sont actuellement réduits à la plus
grande difette de ces Artiftes , ont été plus
curieux de nous transmettre les noms de
ceux qui s'y font le plus diftingués.
C'est dans l'efprit d'un grand attachement;
pour fon Art ôc pour les plus célèbres de
ses compatriotes , en quelque manière de
peindre qu'ils fe foient exercés, que mar-
chant sur les traces des Carie-Van-Mander,
des Houbraeken, desWeyermans & des Van-
Gool, M. Defcamps, Flamand d'origine ,
Peintre du Roi, membre de l'Académie
Royale de Peinture ôc de Sculpture, ôcc,
ProsesTeur de l'Ecole du desfin de la Capi-
tale de Normandie, a donné à la France un
livre qui lui manquoit sur la Vie des meil-
leurs Peintres Flamands, Allemands ôc Hol-
landois ( b ).
Dans le dessein où nous sommes, à mefure
que nous examinons l'état de la Peinture fur
verre dans fes disférents fiecles, de saire
connoître ceux qui se font le plus distin-
gués dans cet Art, tant en France qu'en
(a) On en voit un exemple remarquable dans les quatre
vitreaux du bas côté droit de l'Eglise Paroiffiale de Saint
Hippolyte à Paris, près l'hôtel royal des Gobelins, que
le Brun ôc Mignard ne pouvoient fe laiier d'admirer poui>
la correction du deisein ôç la beauté du coloris, toutes
les fois que leur inspection sur les manusa£Uires royales
de tapisseries qui y font établies, les y appelloit. Ces qua-,
tre vitreaux qui portent le chronogramme 1561 , con^
tiennent aussi dans les srifes dont ils font ornés ces let-
tres initiales, i. H. L. M. , M. Y. i. H., A. T. H,
S. i. V., ôc d'autres qui sont mutilées.
(b) Cet Ouvrage en 4 vol. in-8°., a paru en 17^3,
'754 ï 1760 ôc 1763, à Paris chez Jombert, rue Dau-
phine , Vcsaint , Saillant, Pijfot ÔCc. ; ôc en 1769 il
y a ajouté un Voyage pittorelquc de la Flandre & dii
Brabant,
l