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LeVieil, Pierre
L' art de la peinture sur verre et de la vitrerie — Paris, 1774 [Cicognara, 230]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8249#0253
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ÏII. Partie de l'Art de Peindre fur Verre. 235

CHAPITRE VI.
De l'usage de garnir des ChaJJîs en Papier au lieu de Verre.

N o u s avons dit ailleurs que l'ufage de
sermer les fenêtres contre les injures de
l'air avec le verre étoit beaucoup postérieur
à celui de le faire avec la corne bouillie , le
parchemin huilé, la pierre fpéculaire ou le
papier d'Egypte (a). C'eft pourquoi nous ne
nous étendrons point dans ce Chapitre sur
l'antiquité de cet usage, mais sur l'Art de
le saire tel qu'il est usité parmi nous , & ce
afin de ne rien biffer à désirer sur ce qui
concerne l'Art de la Vitrerie ; ce n'eft pas
que nous ignorions que l'usage de garnir des
chassis de senêtres de carreaux de papier hui-
lé n'a pas toujours été propre aux Vitriers
exclusivement. A Lyon, par exemple , cette
occupation fait encore de nos jours une par-
tie du métier des Charpentiers qui saçon-
nent les bois des croisées, ôc les garniffent
de papier, concurremment avec les Vitriers.
A Paris même, vers la fin du dernier siecle ,
ceux qui les garniffoient ainsi , étoient
connus sous le nom de Ckajfîjfîers ; ôc le
Vitrier qui réparoit ou nétoyoit les vitres des
croifées de dedans des salles du Palais &
dépendances, laissoit au Chajjijjier le foin de
renouveller les doubles croifées en papier.
Les chaffis garnis de papier étoient autre-
fois fort en ufage dans Paris, où il est très-
rare d'en trouver encore; si ce n'eft dans les
atteliers des Peintres ou des Graveurs. Ces
chaffis tenoient les appartements plus clos
& plus fourds contre le bruit du dehors. Le
jour qu'ils rendoient, étoit plus uniforme, &
iatiguoit moins la vue. Le foleil ne paffant
point au travers des pores du papier , com-
me il perce ceux du verre, ne dardoit pas
fi vivement fes rayons dès le matin, & le
jour que le papier paroiffoit renfermer dans
les appartements fembloit s'y perpétuer le
soir avec plus de durée. Il n'y avoit point
de lieux d'étude ou de Communauté Reli-
gieuse qui n'eût des doubles chassis garnis de
carreaux de papier. Ces chassis y tenoient
lieu de rideaux contre l'indifcrétion de la
curiosité de dehors ou de dedans.
L'usage d'y insérer un rang de carreaux
de verre parut l'approprier par la suite à
la prosession de Vitrier ; ils demandoient
de la part de ceux qui les garnissoient beau-
coup de soins & de précaution. On en

jugera par leur appareil que nous allons
décrire.
On employoit alors du papier d'Auvergne^
bon , c'eft-à-dire , dont les feuilles suffent en-
tières , fans tache d'eau & (ans trous de grat-
toirs. Ces désauts qui fe rencontrent dans
le papier retrié, le rendent impropre à cet
usage. Le papier d'impreffion eft préférable ,
comme moins collé : trop de colle empê-
cheroit les matières graffes & onctueufes,
dont nous verrons qu'on se fert pour don-
ner au papier plus de transparence , de le
pénétrer également.
A Lyon, où l'usage des chaffis à papier
s'est perpétué dans les Fabriques d'Etoffes de
Soie , où il sournit aux Ouvriers un jour plus
égal que le verre ne peut saire , on n'em-
ploie guère que du papier de Franche-Comté.
Lorfque l'on veut garnir des doubles chas-
sis en papier , avant que de le couper, on
y rapporte la mesure des carreaux, en obfer-
vant de laiffer autour du vuide du carreau
environ fept à huit lignes d'excédent, pour
ce qui s'en doit appliquer sur le petit bois.
Il n'y a guère qu'à Lyon où les carreaux
des croifées sont afTez petits pour qu'une
feule feuille puiffe en couvrir quatre à la
sois. Les mesures les plus ordinaires à Paris
étoient celles qui , après avoir èbarbé les
bords d'une seuille de quinze à feize pouces
de haut fur vingt pouces de large , pour
l'empêcher de goder (a) , pouvoit couvrir le
vuide de deux carreaux de douze à treize
pouces de haut fur huit à neuf pouces de
large chacun. Quant aux carreaux qui excé-
doient cette mefure en largeur, on n'en pre-
noit qu'un dans une feuille. Le furplus fe
coupoit en bandes qui fervoient pour le col-
lage 5 ce qui ( je crois, plus que toute autre
caufe ), a introduit dans Lyon l'ufage de
coller les carreaux de verre, comme à Pa-
ris , pour appliquer plus utilement l'emploi
de ces bandes.
Le papier étant coupé , le Chaffiffier
étendoit fur la table un morceau de groffe
toile d'une grandeur convenable, sur lequel
on arrangeoit les carreaux de papier coupé
deux à deux, & toujours sur le même sens.
A chaque tas de deux en deux carreaux ,
(en supposant le papier de la qualité que

Ça) Voyez le Chapitre III de la troifîeme Partie.

(a) Terme ufîte' dans la Papeterie.
 
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