Mariette, Auguste: Catalogue général des monuments d'Abydos: découverts pendant les fouilles de cette ville (Paris, 1880)

iv AVANT-PROPOS.

Le Catalogue donne lieu à plusieurs remarques, que nous résume-
rons ainsi qu'il suit.

i° Pris dans son ensemble, il montre clairement que toutes les
parties d'Abydos (ville antique, temples, nécropole) n'ont pas été
d'une manière égale fécondes en découvertes, et que c'est au milieu
des morts et dans les tombeaux que les fouilles ont trouvé leurs plus
éclatants et leurs plus nombreux succès. En cela, les fouilles d'Abydos
ne diffèrent pas des autres fouilles faites en Égypte. On ne trouve
rien dans les ruines des villes, parce que les maisons égyptiennes
étaient bâties au milieu de terres cultivées; parce qu'elles étaient
pauvres et sans meubles; parce que, aussitôt abandonnées, elles
étaient facilement à la portée de ceux qui voulaient enlever ce qui
s'y trouvait, les sables n'étant pas là pour les ensevelir et les con-
server. Peut-être les tentatives faites sur les temples sont-elles géné-
ralement suivies de résultats satisfaisants. Des statues, des stèles, des
ustensiles du culte qui ornaient les temples, il reste toujours quelques
débris dont le fouilleur fait son profit. D'un autre côté, les tableaux
qui couvrent les murs des temples sont très nombreux, et il est im-
possible qu'il n'en soit pas qui servent par quelque point les intérêts
de la science. On comptera donc, pour la réussite des fouilles, sur les
ruines des temples plus que sur les ruines des villes. Mais on comp-
tera surtout sur les ruines des nécropoles. Là est le véritable champ
de l'explorateur. Les tombes sont dans le désert, et il n'est pas
toujours facile d'y arriver. Elles sont creusées dans un rocher que
recouvre invariablement une couche plus ou moins épaisse de sable,
et il faut pour y pénétrer tout un travail de déblaiement qui exige
beaucoup de temps et d'hommes. Notons, en outre, que les tombes
sont bien plus richement décorées que les maisons (les tombes sont
«les demeures éternellesv, les maisons sont «les hôtelleries w de Dio-
dore); que les statues, les stèles, les meubles, les ustensiles y abon-
dent, tout cela, à la vérité, plus ou moins banal. Les nécropoles
sont donc, pour tous ces motifs, plus féconds en découvertes. Si,
dans les temples, on trouve la qualité, c'est-à-dire les stèles et les