176 M. AMÉLINEAU ET SES FOUILLES D'ABYDOS
surément elle ne pouvait pas l'être. S'il s'était borné à
déclarer que les Égyptiens eux-mêmes connaissaient aussi
mal les débuts de leur histoire que tout autre peuple,
qu'ils avaient recueilli et classé un peu au hasard les noms
des personnages dont leurs trois premières dynasties sont
remplies, que ces noms ne représentent pas tous ceux des
souverains primitifs, mais qu'on en peut trouver qui sont
peut-être antérieurs au Ménès placé au début de la liste,
personne n'aurait protesté et moi moins que tout autre,
car c'est ce que j'ai répété vingt fois à mes cours, et
M. Amélineau, qui a été longtemps mon auditeur, ne l'ignore
point. Si même M. Amélineau avait ajouté qu'un certain
nombre des noms retrouvés par lui appartenaient à ces per-
sonnages inconnus des annalistes pharaoniques, on l'eût prié
d'indiquer les raisons qui le portaient à tenir ce langage,
et pourvu qu'elles fussent bonnes, on se serait incliné
devant le fait. Mais M. Amélineau, au lieu de s'enfermer
dans une réserve prudente, s'est attelé à une théorie évhé-
mériste si singulière qu'on a bien été obligé de le rappeler
au sentiment de la réalité. Le système de Manéthon, ou
plutôt le système égyptien qui nous est arrivé à travers
Manéthon, prenait l'histoire à la création et énumérait des
dynasties de Dieux et de Mânes avant d'arriver aux dynas-
ties des hommes : il n'a jamais admis que les Mânes eussent
été des humains, non plus qu'Osiris, Isis, Horus, Sît. On
peut rejeter son classement, qui ne répond certainement pas
à la réalité de l'histoire pour les vieux âges, et c'est pour
l'avoir repoussé que j'ai laissé incertaine la question de
savoir si le roi Manou de Naggadéh était un Ménès ou le
Ménès traditionnel1 ; du moment qu'on le respecte, il faut
le conserver tel que l'auteur le concevait, et ne pas voir
dans les Mânes et dans les dieux autre chose que ce qu'il y
voyait lui-même, des êtres différents de l'humanité.
II. — Et maintenant, où convient-il de classer les noms
1. Voir plus haut, p. 166 du présent volume.
surément elle ne pouvait pas l'être. S'il s'était borné à
déclarer que les Égyptiens eux-mêmes connaissaient aussi
mal les débuts de leur histoire que tout autre peuple,
qu'ils avaient recueilli et classé un peu au hasard les noms
des personnages dont leurs trois premières dynasties sont
remplies, que ces noms ne représentent pas tous ceux des
souverains primitifs, mais qu'on en peut trouver qui sont
peut-être antérieurs au Ménès placé au début de la liste,
personne n'aurait protesté et moi moins que tout autre,
car c'est ce que j'ai répété vingt fois à mes cours, et
M. Amélineau, qui a été longtemps mon auditeur, ne l'ignore
point. Si même M. Amélineau avait ajouté qu'un certain
nombre des noms retrouvés par lui appartenaient à ces per-
sonnages inconnus des annalistes pharaoniques, on l'eût prié
d'indiquer les raisons qui le portaient à tenir ce langage,
et pourvu qu'elles fussent bonnes, on se serait incliné
devant le fait. Mais M. Amélineau, au lieu de s'enfermer
dans une réserve prudente, s'est attelé à une théorie évhé-
mériste si singulière qu'on a bien été obligé de le rappeler
au sentiment de la réalité. Le système de Manéthon, ou
plutôt le système égyptien qui nous est arrivé à travers
Manéthon, prenait l'histoire à la création et énumérait des
dynasties de Dieux et de Mânes avant d'arriver aux dynas-
ties des hommes : il n'a jamais admis que les Mânes eussent
été des humains, non plus qu'Osiris, Isis, Horus, Sît. On
peut rejeter son classement, qui ne répond certainement pas
à la réalité de l'histoire pour les vieux âges, et c'est pour
l'avoir repoussé que j'ai laissé incertaine la question de
savoir si le roi Manou de Naggadéh était un Ménès ou le
Ménès traditionnel1 ; du moment qu'on le respecte, il faut
le conserver tel que l'auteur le concevait, et ne pas voir
dans les Mânes et dans les dieux autre chose que ce qu'il y
voyait lui-même, des êtres différents de l'humanité.
II. — Et maintenant, où convient-il de classer les noms
1. Voir plus haut, p. 166 du présent volume.