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https://doi.org/10.11588/diglit.41249#0066
Chapitre VI
LES PRINCIPIA DE DIOCLÉTIEN ET L’ARCHITECTURE
MILITAIRE DU BAS-EMPIRE
La période de transition au Bas-Empire, entre l’avènement de Dioclétien en 285 et le règne
de Constantin, a vu, parmi d’autres réformes qui transformèrent le caractère de l’Empire,
une réorganisation radicale de l’armée. Depuis les recherches de D. van Berchem, il paraît
assuré, en accord avec les auteurs antiques et malgré l’avis des historiens modernes, que ce fut
Constantin, et non Dioclétien, qui institua l’armée de campagne, distincte de l’armée de fron-
tières 49. La distinction entre les comitatenses et les ripenses ne s’est imposée, au moins en Orient,
qu’à partir de 325, soit immédiatement après l’élimination de Licinius et le rétablissement de
l’unité de l’Empire.
L’organisation du limes syrien, créé par Dioclétien, ne nous est connue que par la Notitia
dignitatum, source datée généralement de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, mais qui reflète,
selon D. van Berchem, un état de choses remontant à la tétrarchie 50. En effet, Palmyre relève,
dans ce catalogue, du duc de Phénicie, alors que, vers 400, une nouvelle province Phoenice
Libanensis a été créée aux dépens de la Phénicie, pour englober, entre autres, le territoire de
Palmyre. Au IVe siècle, donc, le duc commandait deux légions, la IIIa Gallica, stationnée à
Danaba (probablement Mehîn non loin de Qarîtên), et la I“ Illyricorum à Palmyre 51. Palmyre
formait le nœud principal de la strata Diocletiana, route militaire allant de Bostra à Sura sur
l’Euphrate et jalonnée de fortins où étaient établies des ailes auxiliaires. Plus loin vers le nord-
-est, deux autres légions campaient sur ce trajet, à Oriza (aujourd’hui Tayyibé) et à Sura, déjà
49 D. van Berchem, L’armée de Dioclétien et la réforme constantinienne, Paris 1952, en particulier
pp. 75 suiv., 113-118; la thèse traditionnelle est formulée par Th. Mommsen, Das romische Militârwesen
seit Diokletian, Hermes 24, 1889, pp. 195-279 (= Ges. Werke VI, 1910) et R. Grosse, Romische Militarge-
schichte von Gallienus bis zum Beginn der byzantinischen Themenverfassung, Berlin 1920.
50 Notitia dignitatum..., ed. O. Seeck, Berlin 1876 ; pour la Phénicie, p. 68, XXXII, 30. Cf. J. B. B u r y,
J RS 10, 1920, pp. 133 suiv, F. Lot, REA 38, 1936, pp. 285 suiv., Polaschek, RE 17, cols 1077-1116,
s.v. « notitia »; van Berchem, op. cit., pp. 7-10; pour les travaux récents, cf. MEFRA 86, 1974, p. 847,
n. 4.
51 Pour Danaba, cf. R. D u s s a u d, Topographie historique de la Syrie antique et médiévale, Paris 1927
pp. 264-265 et 271.
LES PRINCIPIA DE DIOCLÉTIEN ET L’ARCHITECTURE
MILITAIRE DU BAS-EMPIRE
La période de transition au Bas-Empire, entre l’avènement de Dioclétien en 285 et le règne
de Constantin, a vu, parmi d’autres réformes qui transformèrent le caractère de l’Empire,
une réorganisation radicale de l’armée. Depuis les recherches de D. van Berchem, il paraît
assuré, en accord avec les auteurs antiques et malgré l’avis des historiens modernes, que ce fut
Constantin, et non Dioclétien, qui institua l’armée de campagne, distincte de l’armée de fron-
tières 49. La distinction entre les comitatenses et les ripenses ne s’est imposée, au moins en Orient,
qu’à partir de 325, soit immédiatement après l’élimination de Licinius et le rétablissement de
l’unité de l’Empire.
L’organisation du limes syrien, créé par Dioclétien, ne nous est connue que par la Notitia
dignitatum, source datée généralement de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, mais qui reflète,
selon D. van Berchem, un état de choses remontant à la tétrarchie 50. En effet, Palmyre relève,
dans ce catalogue, du duc de Phénicie, alors que, vers 400, une nouvelle province Phoenice
Libanensis a été créée aux dépens de la Phénicie, pour englober, entre autres, le territoire de
Palmyre. Au IVe siècle, donc, le duc commandait deux légions, la IIIa Gallica, stationnée à
Danaba (probablement Mehîn non loin de Qarîtên), et la I“ Illyricorum à Palmyre 51. Palmyre
formait le nœud principal de la strata Diocletiana, route militaire allant de Bostra à Sura sur
l’Euphrate et jalonnée de fortins où étaient établies des ailes auxiliaires. Plus loin vers le nord-
-est, deux autres légions campaient sur ce trajet, à Oriza (aujourd’hui Tayyibé) et à Sura, déjà
49 D. van Berchem, L’armée de Dioclétien et la réforme constantinienne, Paris 1952, en particulier
pp. 75 suiv., 113-118; la thèse traditionnelle est formulée par Th. Mommsen, Das romische Militârwesen
seit Diokletian, Hermes 24, 1889, pp. 195-279 (= Ges. Werke VI, 1910) et R. Grosse, Romische Militarge-
schichte von Gallienus bis zum Beginn der byzantinischen Themenverfassung, Berlin 1920.
50 Notitia dignitatum..., ed. O. Seeck, Berlin 1876 ; pour la Phénicie, p. 68, XXXII, 30. Cf. J. B. B u r y,
J RS 10, 1920, pp. 133 suiv, F. Lot, REA 38, 1936, pp. 285 suiv., Polaschek, RE 17, cols 1077-1116,
s.v. « notitia »; van Berchem, op. cit., pp. 7-10; pour les travaux récents, cf. MEFRA 86, 1974, p. 847,
n. 4.
51 Pour Danaba, cf. R. D u s s a u d, Topographie historique de la Syrie antique et médiévale, Paris 1927
pp. 264-265 et 271.