ET COUTUMES RELIGIEUSES. i77
article vil
Superjlitions des peuples pour les Sorciers*
Ce sont des médians bien stupides que ces sorciers! Ils n'ont qu'un
seul moyen pour faire du mal, encore même ce moyen ne leur réusïit
pas toutes les fois qu'ils veulent l'employer. Quel métier cependant,
quel art, quelle profession plus pénible, quelle condition plus dure
que celle des sorciers ? les malheureux se donnent des peines infimes ,
ils se tourmentent, ils s'agitent, ils font des périlleux voyages, ils
rendent au démon 1 hommage le plus insipide Se le plus fatiguant.
Leur culte Se leurs cérémonies sont de la plus étrange grossiereté.
Leurs invocations ressemblent plus à des rugissemens , quà des prières
articulées. Emportés dans les airs par les temps les plus orageux, sur
les appuis les plus fragiles, Se prêts à chaque insiant à se rompre le
col; toujours dans îepaisfeur des ténèbres, dans l'infection du souffre,
dans la puanteur des boucs, toujours dans l'indigence ; Se tout cela
pour faire peur à quelques hommes timides , à des vieilles, à des
enfans; ou tout au plus dans les grandes occasions , pour tâcher d'obtenir
du diable quelque prétendu maléfice , quelque brouillard empesté,
quelques tonneaux de grêle, qui les fontdétesler, qui le plus souvent
se terminent par les forcer d'aller ailleurs exercer leur chimérique puis-
sance. Il y a du moins quelque chose de noble , un certain ton de
dignité Se de grandeur dans les fonctions des magiciens Se dans leurs
cérémonies : mais dans la sorcellerie, tout est mesquin , ignoble &bas,
aussi n'en voit-on guère dans les villes. Cette seience, qui ne donne
ni de l'honneur ni des richesses , ne me semble guère attrayante. Pourquoi
donc esl-elle, ou la croit-on si puissante Se si bonne à étudier ? C'esl
que dans tous les états on aime à être craint, on aime à dominer, à
avoir de l'aseendant sur l'esprit de son voisin.
Il faut avouer que la sorcellerie à éprouvé bien des variations, Se
qu'elle a bien perdu de son ancienne autorité. Ce n'esl plus aujourd'hui
qu'un art très - malfaisant, qui par des invocations excessivement ab-
surdes , emprunte, dans l'épaisseur des ténèbres, le prétendu secours Se
le ministere du diable. Autrefois c'étoit bien autre chose ; aussi la super-
stition donnoit-elle de la considération aux] Sorciers , du moins exté-
rieurement ; car au fond, il me paroît que cette espece a constamment
' Tome IV. z
article vil
Superjlitions des peuples pour les Sorciers*
Ce sont des médians bien stupides que ces sorciers! Ils n'ont qu'un
seul moyen pour faire du mal, encore même ce moyen ne leur réusïit
pas toutes les fois qu'ils veulent l'employer. Quel métier cependant,
quel art, quelle profession plus pénible, quelle condition plus dure
que celle des sorciers ? les malheureux se donnent des peines infimes ,
ils se tourmentent, ils s'agitent, ils font des périlleux voyages, ils
rendent au démon 1 hommage le plus insipide Se le plus fatiguant.
Leur culte Se leurs cérémonies sont de la plus étrange grossiereté.
Leurs invocations ressemblent plus à des rugissemens , quà des prières
articulées. Emportés dans les airs par les temps les plus orageux, sur
les appuis les plus fragiles, Se prêts à chaque insiant à se rompre le
col; toujours dans îepaisfeur des ténèbres, dans l'infection du souffre,
dans la puanteur des boucs, toujours dans l'indigence ; Se tout cela
pour faire peur à quelques hommes timides , à des vieilles, à des
enfans; ou tout au plus dans les grandes occasions , pour tâcher d'obtenir
du diable quelque prétendu maléfice , quelque brouillard empesté,
quelques tonneaux de grêle, qui les fontdétesler, qui le plus souvent
se terminent par les forcer d'aller ailleurs exercer leur chimérique puis-
sance. Il y a du moins quelque chose de noble , un certain ton de
dignité Se de grandeur dans les fonctions des magiciens Se dans leurs
cérémonies : mais dans la sorcellerie, tout est mesquin , ignoble &bas,
aussi n'en voit-on guère dans les villes. Cette seience, qui ne donne
ni de l'honneur ni des richesses , ne me semble guère attrayante. Pourquoi
donc esl-elle, ou la croit-on si puissante Se si bonne à étudier ? C'esl
que dans tous les états on aime à être craint, on aime à dominer, à
avoir de l'aseendant sur l'esprit de son voisin.
Il faut avouer que la sorcellerie à éprouvé bien des variations, Se
qu'elle a bien perdu de son ancienne autorité. Ce n'esl plus aujourd'hui
qu'un art très - malfaisant, qui par des invocations excessivement ab-
surdes , emprunte, dans l'épaisseur des ténèbres, le prétendu secours Se
le ministere du diable. Autrefois c'étoit bien autre chose ; aussi la super-
stition donnoit-elle de la considération aux] Sorciers , du moins exté-
rieurement ; car au fond, il me paroît que cette espece a constamment
' Tome IV. z