ARCHITECTURE. 39!
tous les règnes de la nature, mais qu'ils crurent pouvoir aussi trouver des modèles dans les
productions de l'art humain, même les plus usuelles, et dont la variété leur fournissait des
types intéressants.
C'est ce qui explique la création de ces étranges chapiteaux cratériformes, imitation des
belles coupes d'or que fabriquaient, à l'usage des pharaons, les orfèvres égyptiens ou qui prove-
naient de l'étranger.
Les divers chapiteaux employés sous les Ptolémées tirent tous leur origine des derniers chapi-
teaux sculptés sous les pharaons. On retrouve en effet, dans le petit temple de Nectanèbe à
Philœ, divers chapiteaux d'un galbe presque uniforme, mais orné de diverses manières.
Lorsqu'on considère cette variété de chapiteaux qui ornent les temples d'Esné, d'Edfou, d'Ombos
et de Philœ, et qui pour la plupart joignent à la pureté des contours une richesse et un choix
d'ornements remarquables, on est tout étonné d'avoir cru que trois ordres étaient les seules
beautés de l'art, que, hors de là, point de goût, point de correction. Les Grecs, pour pallier
leurs larcins, ont inventé des histoires. Les Égyptiens n'ont pas besoin de fables pareilles : ils
ont copié la nature et ont trouvé chez elle les plus belles productions de l'art. Le calice de la
fleur de lotus, au-dessus du faisceau de sa tige, a fourni la forme de la colonne, de sa base et
de son chapiteau. Le palmier a été le second modèle. Les joncs en ont fourni un autre très-
remarquable parmi les formes aussi gracieuses que variées que l'on admire dans les monuments
égyptiens.
Dans les dernières planches de cette série, j'ai reproduit, à titre de parallèles entre les belles
époques de l'art pharaonique et l'époque romaine, une suite de chapiteaux qui nous démontrent,
que si les Romains ont exigé des artistes égyptiens un plus grand fini dans leur travail, ils
n'exigèrent pas une transformation véritable des formes consacrées soit par la religion, soit par
l'usage.
Je terminerai cet aperçu général par quelques descriptions des chapiteaux qui me paraissent
mériter plus spécialement une étude approfondie.
Colonnes du temple de Nectanèbe.
Ces deux colonnes sont dues à une même pensée qui se présente, pour la première fois,
dans un édicule de Nectanèbe, le dernier pharaon de la xxxe dynastie.
Ils offrent, de loin, le même galbe malgré leur grande variété, et sont couronnés de têtes
d'isis portant sur sa coiffure le petit naos habituel. Les parties semblables de ces chapiteaux sont
coloriées delà même façon : ainsi toutes les calottes sont rouges, et les cinq viroles sont succes-
sivement bleu rouge, bleu vert et bleu, que le fût soit tout uni ou qu'il soit terminé par des
cannelures. Les feuilles de lotus sont uniformément coloriées; mais les autres couleurs varient
quand le chapiteau n'a pas reçu à certaine époque un remaniement complet. Il eût été, en effet,
fort difficile, dans l'état de vétusté et de dégradation où se trouve cet intéressant édifice, et
surtout les chapiteaux, d'en déterminer bien rigoureusement les couleurs, si des parties sculptées
et coloriées plus tard sur le même modèle ne m'étaient venues heureusement en aide dans
maints édifices ptolémaïques ou romains, où ces chapiteaux étaient devenus l'œuvre collective
d'une race.
Chapiteaux daclyliformes.
11 y a dans les édifices de Philœ cinq chapiteaux dactyliformes qui présentent tous des
tous les règnes de la nature, mais qu'ils crurent pouvoir aussi trouver des modèles dans les
productions de l'art humain, même les plus usuelles, et dont la variété leur fournissait des
types intéressants.
C'est ce qui explique la création de ces étranges chapiteaux cratériformes, imitation des
belles coupes d'or que fabriquaient, à l'usage des pharaons, les orfèvres égyptiens ou qui prove-
naient de l'étranger.
Les divers chapiteaux employés sous les Ptolémées tirent tous leur origine des derniers chapi-
teaux sculptés sous les pharaons. On retrouve en effet, dans le petit temple de Nectanèbe à
Philœ, divers chapiteaux d'un galbe presque uniforme, mais orné de diverses manières.
Lorsqu'on considère cette variété de chapiteaux qui ornent les temples d'Esné, d'Edfou, d'Ombos
et de Philœ, et qui pour la plupart joignent à la pureté des contours une richesse et un choix
d'ornements remarquables, on est tout étonné d'avoir cru que trois ordres étaient les seules
beautés de l'art, que, hors de là, point de goût, point de correction. Les Grecs, pour pallier
leurs larcins, ont inventé des histoires. Les Égyptiens n'ont pas besoin de fables pareilles : ils
ont copié la nature et ont trouvé chez elle les plus belles productions de l'art. Le calice de la
fleur de lotus, au-dessus du faisceau de sa tige, a fourni la forme de la colonne, de sa base et
de son chapiteau. Le palmier a été le second modèle. Les joncs en ont fourni un autre très-
remarquable parmi les formes aussi gracieuses que variées que l'on admire dans les monuments
égyptiens.
Dans les dernières planches de cette série, j'ai reproduit, à titre de parallèles entre les belles
époques de l'art pharaonique et l'époque romaine, une suite de chapiteaux qui nous démontrent,
que si les Romains ont exigé des artistes égyptiens un plus grand fini dans leur travail, ils
n'exigèrent pas une transformation véritable des formes consacrées soit par la religion, soit par
l'usage.
Je terminerai cet aperçu général par quelques descriptions des chapiteaux qui me paraissent
mériter plus spécialement une étude approfondie.
Colonnes du temple de Nectanèbe.
Ces deux colonnes sont dues à une même pensée qui se présente, pour la première fois,
dans un édicule de Nectanèbe, le dernier pharaon de la xxxe dynastie.
Ils offrent, de loin, le même galbe malgré leur grande variété, et sont couronnés de têtes
d'isis portant sur sa coiffure le petit naos habituel. Les parties semblables de ces chapiteaux sont
coloriées delà même façon : ainsi toutes les calottes sont rouges, et les cinq viroles sont succes-
sivement bleu rouge, bleu vert et bleu, que le fût soit tout uni ou qu'il soit terminé par des
cannelures. Les feuilles de lotus sont uniformément coloriées; mais les autres couleurs varient
quand le chapiteau n'a pas reçu à certaine époque un remaniement complet. Il eût été, en effet,
fort difficile, dans l'état de vétusté et de dégradation où se trouve cet intéressant édifice, et
surtout les chapiteaux, d'en déterminer bien rigoureusement les couleurs, si des parties sculptées
et coloriées plus tard sur le même modèle ne m'étaient venues heureusement en aide dans
maints édifices ptolémaïques ou romains, où ces chapiteaux étaient devenus l'œuvre collective
d'une race.
Chapiteaux daclyliformes.
11 y a dans les édifices de Philœ cinq chapiteaux dactyliformes qui présentent tous des