Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]: Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire (1.1870)

Des deux yeux du disque solaire.

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Nous examinerons d'abord les traits caractéristiques de la déesse lumière, indépen-
damment des noms qui lui sont donnés. Nous verrons ensuite sous quelles formes divines on
la retrouve.

Mais dès maintenant je précise un point où je tiens surtout à éviter le malentendu.
Toute déesse où les scribes reconnaissent la lumière est traitée par eux en symbole animé;
moins en divinité qu'en figure conventionnelle, à ce point qu'ils la suppriment souvent. Que
des figures telles que TJat'i, Neyeb, et autres, aussi grandes, que j'aurai à citer, car nous
verrons les plus importantes déesses remplir l'office de lumière, aient commencé par la per-
sonnification tardive de symboles employés dans le culte, personne ne l'admettra. Autre
chose est le sens originel d'une figure divine, autre chose son interprétation à une époque
déterminée! Si les scribes veulent montrer la personnification de symboles solaires dans les
plus grandes figures de déesses, cette imagination des compositeurs de l'époque pharaonique
ne préjuge point la raison d'être originaire de divinités, trop nombreuses d'ailleurs et trop
diverses, pour qu'une origine unique leur soit commune. La création littéraire qui anime
un symbole en divinité d'ordre secondaire peut expliquer la présence de quelques-unes,
d'apparition assez récente, à ce qu'il semble: ce sont les moins nombreuses, et les moins
importantes. Pour les déesses qui ont rang dans le Panthéon, contemporaines des origines
obscures de la religion égyptienne, il est vrai seulement que les prêtres, oublieux, par système,
d'origines polythéistes contraires à leur théologie, n'hésitent plus à traiter ces grandes et
mystérieuses figures en symboles animés, après les avoir amenées au rôle de déesses de
la lumière.

Par un phénomène auquel sont soumises les figures mythologiques aussi bien que
les formes du langage, les caractères s'effacent, le sens premier se perd ; les figures, devenues
moins nettes, se confondent plus aisément ; l'une enfin tend à s'assimiler les autres. En Egypte,
avec la cause de ce phénomène naturel, coopérait la tendance marquée vers l'unité, que suit
le développement du culte dans les idées de la classe instruite qui nous a légué ses papyrus
et ses inscriptions, si ce n'est dans la croyance populaire. Parmi les déesses, celle de la
lumière prit le rôle prépondérant. J'essayerai de dire plus loin pourquoi celle-là. J'aurais
voulu dégager son type primitif au milieu de tant d'assimilations et d'usurpations. Il est plus
aisé de constater l'origine étrangère de la plupart des déesses qui ont fini par se l'attribuer.
Mais il est clair que ce type n'est pas sorti d'une personnification de symboles!

Tantôt le dieu solaire, quel que soit son nom, se lève, brûle, éclaire de lui-même. Tantôt,
pendant qu'il reste caché C""^) dans le disque, une déesse, ailée comme le disque, et qui
fait de la lumière avec ses ailes, siégeant sur le front du dieu immobile, ou l'entourant de
ses ailes lumineuses, agit pour lui, le protège, le fait se lever, darde la flamme contre ses
ennemis, verse les rayons sur la double terre, règne elle-même sur les deux régions. Sa place
dans la barque solaire est à l'avant, d'où elle donne aux deux terres la lumière vivifiante et
le ma, principe de toute existence. On la voit auprès de l'Horus Pharaon, comme auprès du
soleil, brûler les ennemis.

1) Les tableaux la montrent ailée, comme les textes parlent de ses ailes lumineuses. Cf. infra, p. 116.

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